36. Secteur minier - Exploitations à ciel ouvert

Table des matières - Précédente - Suivante

1. Présentation du domaine d'intervention
2. Effets sur l'environnement et mesures de protection

2.1 Effets potentiels des exploitations à ciel ouvert

2.1.1 Extraction à sec
2.1.2 Exploitation par dragage
2.1.3 Exploitations sous-marines en zones côtières

2.2 Limitation des effets sur l'environnement

2.2.1 Mesures précédant l'exploitation
2.2.2 Mesures accompagnant l'exploitation
2.2.3 Mesures suivant la cessation des activités

3. Aspects à inclure dans l'analyse et l'évaluation des effets sur l'environnement
4. Interactions avec d'autres domaines d'intervention
5. Appréciation récapitulative de l'impact sur l'environnement
6. Bibliographie

1. Présentation du domaine d'intervention

Le secteur des exploitations à ciel ouvert englobe toutes les formes d'extraction de matières premières minérales à partir de gisements affleurants. Le gisement est mis à nu par enlèvement des roches de recouvrement ou morts-terrains (déblais) pour permettre la récupération du minerai. Selon les propriétés physiques du matériau brut et les contraintes imposées par la nature du site, il existe différentes méthodes d'exploitation de mines à ciel ouvert:

L'extraction à sec de substances tendres ou dures. Si les matériaux sont trop durs pour pouvoir être excavés directement, ceux-ci doivent d'abord être abattus. Il sont ensuite chargés mécaniquement et transportés vers les ateliers de préparation mécanique. Les exploitations de surface pratiquant l'extraction à sec nécessitent des dispositifs d'exhaure évacuant les infiltrations d'eau.

Le dragage de gisements alluvionnaires, où les matériaux non consolidés sont récupérés par voie mécanique ou hydraulique, puis transportés vers les postes de préparation. L'ensemble de l'équipement se trouve généralement dans l'eau. Il s'agit souvent d'installations flottantes travaillant sur des cours d'eau ou des lacs artificiels.

L'exploitation marine, avec d'une part la récupération de matériaux non consolidés sur le plateau continental, c'est-à-dire à proximité de la côte (gisements alluvionnaires marins), les travaux se faisant ici aussi par voie mécanique ou hydraulique, et d'autre part les exploitations dans les régions abyssales, où les matériaux sont remontés des fonds marins, ces dernières n'étant toutefois pas traitées dans ce dossier.

Ces différentes techniques d'exploitation s'appliquent à des matières premières de nature diverse.

Tableau 1

Modes d'exploitation des gisements affleurants et principales matières premières extraites

Gisements de matériaux consolidés Gisements de matériaux non consolidés  
Extraction à sec Extraction à sec Dragage
        à l'intérieur des terres sur le plateau continental
Matériaux de construction Diamants Pierres précieuses Feldspath Gypse Calcaire/ MP du ciment Minerais métalliques (cuivre, fer, argent, étain) Schistes bitumineux Charbon Minerais uranifères Lignite Diamant Or Kaolin Phosphates Sable, gravier Minerais lourds (illménite, rutile, minéraux rares riches en terres, zircon), Argile, Cassitérite Diamant Or Minerais lourds Cassitérite Sable, Gravier Diamant Minéraux lourds (Illménite, rutile, zircon, monazite) Cassitérite

Les dimensions des exploitations varient en fonction des caractéristiques du gisement et des techniques mises en oeuvre. Dans le cas des exploitations terrestres, les entreprises vont de la personne seule, avec des possibilités très limitées, jusqu'à celles dont les aménagements atteignent un diamètre de plusieurs kilomètres, avec toutes les formes intermédiaires envisageables entre ces deux extrêmes. Les formes marines d'exploitation minière sont toujours de moindre envergure, en raison de l'importance des moyens techniques nécessaires.

Les sites des activités minières sont imposés par la nature. Les exploitations nouvelles ou les extensions d'exploitations en place entrent donc souvent en concurrence avec d'autres possibilités offertes par les sites concernés ou obligent à mettre en place les infrastructures nécessaires à l'activité minière. En ce qui concerne les différentes activités, il est difficile de séparer l'extraction de la préparation des matières premières, puisque ces opérations s'enchaînent et sont généralement implantées sur le même site.

2. Effets sur l'environnement et mesures de protection

L'impact écologique des activités à ciel ouvert peut fortement varier selon la forme d'exploitation. Dans ce chapitre, les effets produits sur l'environnement et les mesures préventives à prendre seront donc examinés séparément pour chacune de ces formes d'exploitation (terrestre, marine, etc.).

2.1 Effets potentiels des exploitations à ciel ouvert

Les effets de l'exploitation à ciel ouvert de matières premières sont tous caractérisés par le fait qu'ils sont toujours liés au site et aux zones mises à contribution, notamment en ce qui concerne le climat et le contexte social et infrastructurel. Pour plus de clarté, les effets potentiels de l'extraction à ciel ouvert ont été regroupés d'après le mode d'exploitation.

Tableau 2
Les formes d'exploitation à ciel ouvert et leurs principaux effets sur l'environnement

 

  EXTRACTION A SEC EXPLOITATION PAR DRAGAGE PLATEAU CONTINENTAL GRANDS FONDS MARINS
Site/ pay-sage Surfaces dévastées ; altération de la morphologie ; risques de chutes de pierres sur les gradins ; destructions de biens culturels Surfaces dévastées ; modification de la morphologie et du lit du cours d'eau ; apparition de grands terrils Modification de la morphologie des fonds marins; érosion côtière  
Air Bruit ; ébranlements dus aux tirs à l'explosif; dégagements de poussières par le trafic, les tirs à l'explosif, le vent ; effluents gazeux suite à l'ignition spontanée de terrils, gaz nocifs, vibrations Bruit lié à la production d'énergie, l'extraction, la préparation et le transport ; gaz d'échappement des véhicules Bruit ; gaz d'échappement Bruit, gaz d'échappement
Eaux de surface Modification du bilan en éléments nutritifs (évent. eutrophisation), pollution par des eaux usées contaminées ; pollution due au renforcement de l'érosion Dénitrification ; grandes quantités d'eaux boueuses déversées dans le milieu récepteur ; pollution par des eaux usées contaminées Turbidité de l'eau ; consommation d'oxygène ; pollution par des eaux usées Turbidité de l'eau ; consommation d'oxygène ; pollution par des eaux usées
Nappes souter. Abaissement du niveau ; altération de la qualité des eaux Modification du bilan hydrique ; altération de la qualité des eaux    
Sols Décapage sur le lieu d'extraction: dévalorisation, assèchement, affaissements, risque d'envasement après remontée du niveau de la nappe phréatique, érosion Décapage sur le lieu d'extraction Altération des fonds marins ; pertes en éléments nutritifs Pertes en éléments nutritifs
Flore Destruction de la flore sur le lieu d'extraction ; destruction partielle/ modification sur le périmètre environnant en raison de la variation du niveau de la nappe phréatique Destruction de la flore sur le lieu d'extraction    
Faune Emigration Emigration Destruction d'espèces sous-marines sédentaires (coraux) Destruction d'espèces sous-marines sédentaires (coraux)
Popula-tion Conflits d'intérêts ; effets de colonisation, destruction d'aires de villégiature, de stations climatiques etc. Conflits d'intérêts ; problèmes sociaux en période de boom, effets de colonisation Perturbation de la pêche (destruction de frayères) Perturbation de la pêche (destruction de frayères)
Bâti-ments Dégâts dus aux remontées d'eau (rétablissement du niveau de la nappe phréatique)      
Autres Modification éventuelle du micro-climat Mod. microclimatiques ; prolifération d'agents pathogènes dans les eaux dormantes    

 

2.1.1 Extraction à sec

Il faut faire ici la distinction entre l'exploitation de gisements de matériaux durs ou tendres. Dans ce qui suit, il sera fait mention explicite des effets spécifiques à chacun des deux cas si besoin est. D'une façon générale, les répercussions écologiques traitées sont regroupées selon qu'elles sont d'ordre physique, biologique ou social.

Incidences d'ordre physique

La conséquence majeure de l'exploitation d'un gisement affleurant est la diminution de ressources non renouvelables. Outre les matières premières extraites, il faut compter des pertes d'origine diverse: piliers abandonnés, zones écartées parce que ne se prêtant pas à une exploitation rentable à l'époque des travaux, exploitation abusive. Certaines parties du gisement sont ainsi détruites ou rendues définitivement inaccessibles. Dans le cas de matières combustibles ou carbonisables (par ex. charbon, tourbe) des ignitions spontanées ou des incendies accidentels peuvent également entraîner la destruction partielle des ressources.

L'emprise d'une telle exploitation peut atteindre des proportions considérables. Il faut compter les installations de l'extraction proprement dite, les dépôts de stériles, qui peuvent souvent atteindre de grandes dimensions dans le cas de couches profondes de matériaux consistants (par ex. minerais), des terrils où l'on culbute les résidus de la préparation mécanique, qui requièrent un espace considérable dans le cas de minerais pauvres, et les éléments d'infrastructure (cité minière, aménagements pour l'approvisionnement en énergie, voies de transport, ateliers, bureaux administratifs, postes de préparation etc.). Toutes les entreprises de ce type étant liées au site du gisement, l'implantation et la taille des installations sont déterminées par des facteurs géologiques, à savoir les possibilités de stockage ainsi que la morphologie et la nature des roches encaissantes. Les activités minières occasionnant inévitablement de sévères dommages pour le sol, il importe de vérifier en premier lieu si la mise en exploitation est vraiment justifiable dans les conditions spécifiques rencontrées.

Lors des opérations d'extraction, une partie du sol est décapée tandis que d'autres endroits sont recouverts par entassement des déblais. Dans presque tous les pays industriels, il existe des réglementations quant à la destination ou l'emploi des terres végétales recouvrant les gisements. Les réglementations en question peuvent également prescrire les modalités de la remise en place de ces terres, les zones remblayées devant être aptes à une remise en culture.

La morphologie des surfaces mises à contribution pour l'aménagement du chantier d'extraction ainsi que des dépôts de stériles se trouve également altérée. Même après la remise en culture de ces zones, la fosse finale, dont la taille est déterminée par les tonnages de matériau extraits, témoignera encore très longtemps des activités qui ont été menées sur le site. Dans le cas de gisements de matériaux consistants, les altérations morphologiques sont notables, d'une part du fait de la pente des gradins, qui est généralement très forte, et d'autre part en raison de l'absence de matériaux, notamment dans le cas de carrières, permettant de remblayer la fosse. Dans le cas de matériaux friables, les modifications de la morphologie du terrain sont dues aux verses recevant les déblais et aux phénomènes d'affaissement des surfaces par suite du drainage.

L'exploitation à ciel ouvert a également des répercussions sur le bilan des eaux superficielles, par suite des mesures destinées à protéger les chantiers d'abattage des venues d'eau (eaux de surface et eaux souterraines). Ces mesures consistent à capter et à canaliser les flux d'eau en bordure de la fosse et sur tout le périmètre d'exploitation. Au besoin, les cours d'eau seront détournés, les eaux météoriques ou provenant du drainage des pentes sont dirigées vers des bassins de collecte, d'où elles retournent dans le réseau naturel. L'augmentation des sédiments charriés et la modification du chimisme peuvent alors mener à une dégradation de la qualité des eaux réceptrices.

Quant à l'extraction de matériaux friables, elle a en outre des répercussions sur l'équilibre des eaux souterraines. Les activités peuvent dans ce cas s'accompagner d'une part de la dégradation de la qualité des eaux souterraines par infiltration d'eaux usées contaminées, d'autre part du lessivage des terrils et de la fosse. Les nappes d'eau souterraines peuvent inonder le chantier d'extraction si la nappe phréatique n'a pas été rabattue auparavant. Le rabattement de nappe est obtenu au moyen de puits aménagés directement dans la fosse ou autour. Les puits doivent s'enfoncer jusqu'en dessous du fond de l'exploitation pour obtenir une exhaure efficace et pour assurer la stabilité des gradins et du niveau d'exploitation par décompression du milieu. En général, l'eau de ces puits n'est pas polluée et peut rejoindre directement le réseau des eaux superficielles. Le rabattement de nappe au voisinage du site a des conséquences notables, notamment

- l'assèchement de puits se trouvant à proximité
- des affaissements de terrain
- des répercussions sur la végétation par modification des disponibilités en eau

Après cessation des travaux d'exploitation, il reste les fosses creusées par décapage des morts terrains et récupération des minéraux. Ces fosses finales forment des lacs en se remplissant d'eau jusqu'à avoir rejoint le niveau de la nappe phréatique. Les eaux proviennent généralement de la nappe souterraine. Suivant le cas, la remontée du niveau de la nappe phréatique peut se faire très lentement, le phénomène étant conditionné par la profondeur de la mine et le contexte hydrogéologique. Il peut s'écouler plus de 50 ans avant que ne s'établisse un nouvel équilibre. Si dans les zones de contact sol/eau, les terrains contiennent des substances hydrosolubles ou en ont accumulé suite au contact avec des cendres d'usines ou des résidus industriels, la qualité des eaux peut se trouver menacée. L'un des problèmes bien connu est le pH trop faible de ces eaux. Ce phénomène s'aggrave lorsque les lacs n'ont ni alimentation ni écoulement, ce qui favorise par ailleurs l'eutrophisation, notamment en cas d'exploitation agricole intensive des terres avoisinantes.

Durant l'exploitation, les travaux sont sources de nuisances sonores liées au fonctionnement des machines et équipements servant à l'extraction, au chargement, au transport, à la manutention, etc. Dans les exploitations de minéraux durs, la foration et l'abattage aux explosifs viennent s'ajouter aux autres sources de bruit. L'impact d'une explosion ne se limite pas au bruit. Il faut tenir compte également des vibrations qui suivent la détonation. Celles-ci représentent une nuisance pour les riverains et peuvent même entraîner la détérioration de bâtiments.

Il convient de signaler également la pollution atmosphérique qu'engendrent les activités d'extraction à sec. Les sources de pollution et les effets produits sont de diverses natures.

- Les tirs à l'explosif dans la roche dégagent de la poussière qui virevolte dans l'air sous l'effet de la détonation (fumées de tir). A cela viennent s'ajouter les phénomènes de déflation lorsque les matériaux sont exposés, en particulier lors des opérations de chargement, de transport et de culbutage.
- La pollution atmosphérique par des gaz relève en règle générale des véhicules et groupes moteurs fonctionnant au gazole ainsi que des fumées de tir. Les mines de charbon, quant à elles, comportent encore d'autres risques liés au gisement lui-même: au cours de l'exploitation de couches profondes, il peut se produire des dégagements de méthane ou encore de gaz nocifs en cas d'ignition spontanée d'une veine.

Par temps chaud et sec, le risque d'incendie augmente considérablement dans les mines de charbon à ciel ouvert. Dans les veines mises à nu ou au cours des opérations de manutention, le charbon peut s'enflammer spontanément.

Une inflammation spontanée peut également se produire lors du culbutage des stériles et des déchets de la préparation mécanique, à faible teneur en charbon, et amorcer des feux couvants difficiles à éteindre. De tels feux couvant sous les terrils peuvent dégager des odeurs et des gaz nocifs pendant des années, voire des décennies.
- L'irradiation peut poser des problèmes dans certains cas particuliers où l'on exploite des gisements d'uranium et de pegmatite.

L'extraction des matières premières à ciel ouvert nécessite la mise à nu du gisement, c'est-à-dire le décapage de grandes surfaces. Les activités minières sont donc liées à une destruction de la flore dans les zones d'abattage, aux emplacements des terrils et des aménagements d'infrastructure.

Quant à la faune vivant sur les lieux, privée de son habitat naturel, elle se voit contrainte d'émigrer.

L'altération des eaux superficielles, en quantité et en qualité, peut s'avérer préjudiciable aux écosystèmes aquatiques, tout comme la modification du niveau de la nappe phréatique peut nuire aux biotopes humides, par suite d'un assèchement dû au rabattement de la nappe ou d'une submersion à la suite de sa remontée. Les systèmes écologiques à l'équilibre précaire, se trouvant sur des sites marginaux, sont détruits ou mettront du moins beaucoup de temps à retrouver leur état initial.

Les travaux miniers amènent des modifications du milieu naturel qui ont des 0effets négatifs sur les écosystèmes terrestres, par ex. lorsque ceux-ci dépendent de la nappe phréatique. Après cessation des activités, c'est une faune et une flore nouvelles qu'on verra inévitablement apparaître, et ce en dépit de toutes les mesures de restauration possibles. Avec la modification des caractéristiques physiques et chimiques des sols, des disponibilités en eau etc, l'exploitation minière entraîne donc des changements irréversibles sur le site.

En raison de l'étendue des surfaces mises en exploitation et du caractère imposé du site, ce type d'exploitation minière apporte certainement les plus grands bouleversements dans les conditions de vie des populations locales. Citons comme conséquences fréquentes de la mise en exploitation d'une découverte:

- La nécessité de déplacer les personnes habitant éventuellement sur le site. Dans ce cas, il faudra non seulement procéder au transfert des zones d'habitation, mais aussi à l'aménagement de nouvelles voies de transport et de communication. Aux pertes économiques engendrées viennent s'ajouter les répercussions d'ordre sociologique et culturel. Celles-ci sont particulièrement graves dans les cas où les habitants sont étroitement liés à leur milieu naturel, ou à certains lieux de cultes, mais aussi des structures tribales traditionnelles et suprématies territoriales etc.
- Des collisions d'intérêt quant à l'occupation des sols sont fréquentes, notamment lorsque le site fait déjà l'objet d'une mise en valeur agricole ou forestière, qu'il s'y trouve des biens culturels, tels que vestiges du passé, ou encore qu'il s'agit d'aires consacrées aux loisirs ou à la détente, qui pourraient être dégradées, voire détruites par les activités minières.

Si l'emprise des installations et la détérioration de la flore et la faune entraîne la régression des surfaces vouées à l'agriculture et donc la perte de revenus, ou s'il s'avère nécessaire de transférer des zones d'habitation toutes entières, on aura soin d'examiner au préalable avec les intéressés toutes les conséquences d'un tel projet en tenant compte de groupes particuliers tels que les femmes notamment. Dans le même ordre d'idées, on vérifiera si les femmes sont en mesure de profiter suffisamment des avantages économiques que la mine apporte à la région.

Par ailleurs, les activités minières ont des répercussions sur la santé des personnes employées et des habitants de la région compte-tenu des modifications induites dans l'environnement.

Finalement, la mise en place des infrastructures nécessaires à l'exploitation minière peut entraîner un phénomène de colonisation spontanée.

2.1.2 Exploitation par dragage

Ici aussi, on distinguera les effets d'ordre physique, biologique et social. Les analogies avec l'extraction à sec sont mentionnées avec référence aux passages correspondants du point 2.1.1.

Les possibilités de dragage dépendant des caractéristiques des gisements et des minéraux à exploiter, par ex. degré de consolidation, distribution granulométrique, topographie des lieux, site se prêtant à ce mode d'exploitation (terrain plat, non accidenté), volume d'eau disponible, l'exploitation dans son ensemble sera moins étendue que pour l'extraction à sec et les effets sur l'environnement seront donc plus limités.

Les deux modes d'extraction diffèrent de par l'emprise des activités sur le terrain. En règle générale, les chantiers d'abattage hydraulique représentent des surfaces très limitées. En cas d'utilisation de dragues pour la récupération de métaux précieux ou de zinc par ex., le travail ne se fait guère sur plus d'1 ha, la consommation d'espace pouvant augmenter sensiblement lorsqu'il faut commencer par enlever les morts-terrains. Il faut toutefois considérer que le chantier se déplace assez rapidement sur toute la surface à exploiter, qui se trouvera entièrement modifiée. En cas d'exploitation en rivière, non seulement le sol est enlevé, tout comme pour l'extraction en terrain sec, mais le fond est entièrement bouleversé et l'ensemble du lit de la rivière s'en trouvera modifié. Après l'extraction, il reste les déblais sous la forme d'importants tonnages de matériaux classés parmi lesquels les fines et les schlamms font en grande partie défaut. Ceci est très défavorable à la régénération du sol, condition préalable à la réinstallation de la flore. Si elles manquent dans le lit de la rivière, les fractions fines vont en outre polluer les eaux superficielles dans lesquelles elles sont rejetées (eaux usées chargées). Il peut arriver que les traînées de boue produites par le dragage s'étendent sur plusieurs centaines de kilomètres. Elles polluent l'eau jusqu'à ce que la fraction argileuse se soit à nouveau déposée. La pollution du cours d'eau peut encore se trouver aggravée lorsqu'on y rejette des eaux usées contaminées. C'est le cas par exemple des effluents de la préparation mécanique, qui contiennent du mercure lorsque le minerai a été extrait de gisements alluvionnaires aurifères ou lorsque l'évacuation des huiles usagées se fait de façon incontrôlée.

En ce qui concerne les secteurs ressources, bruit et pollution atmosphérique, nous renvoyons aux risques déjà décrits au point 2.1.1

Outre les effets similaires à ceux de l'extraction à sec, à savoir la destruction de la flore et l'émigration de la faune, le dragage a des répercussions notables sur l'écosystème aquatique de la rivière exploitée. Les charges de boue occasionnées par l'exploitation minière altèrent la qualité des eaux et modifient le lit de la rivière en raison de la sédimentation des fractions fines. Ceci agit sur l'équilibre biologique de la rivière, qui influence à son tour la faune et la flore aquatique. Comme conséquence fréquente, on constate une diminution des populations de poissons, liée soit à la décimation des espèces, soit à leur émigration vers d'autres sections du cours d'eau.

Dans les régions tropicales, le dragage de matières premières minérales s'accompagne de risques sérieux lorsqu'il entraîne l'apparition de nappes d'eau stagnantes. En effet, ces eaux peuvent s'infester d'agents pathogènes (en particulier ceux responsables de la malaria) et même provoquer la réapparition de maladies tropicales qui avaient été éradiquées dans cette région.

L'implantation d'un projet minier dans des plaines alluviales fertiles ou sur des périmètres faciles à irriguer, surtout là où les surfaces en question ne seraient pas exploitables en agriculture pluviale, vient concurrencer les utilisations de ces terres à des fins agricoles de ces terres. Même si l'on veille à la réhabilitation ultérieure du site par remise en culture des terrains, il peut y avoir des dégâts irréversibles. Les obstacles à la pêche par les charges de boue constituent plutôt un effet passager. En revanche, les problèmes de santé amenés par la contamination des cours d'eau par du mercure par ex. sont à considérer comme des dommages irréversibles.

Des conflits d'ordre social se manifestent surtout en période d'expansion économique par ex. dans le cas d'un phénomène local de ruée vers l'or, lorsque les petits mineurs indépendants sont attirés en grand nombre dans une région (diggers, garimpeiros, pirquineros). Ceux-ci ne disposent pour la plupart d'aucun titre minier et amènent toute une série de problèmes (criminalité, spéculations, flambée des prix, maladies, tensions au sein de la population locale) qui peuvent s'aggraver en partie lorsque les filons riches au départ deviennent plus difficiles à exploiter ou commencent à s'épuiser.

2.1.3 Exploitations sous-marines en zones côtières

En ce qui concerne les activités minières sous-marines, nous n'aborderons pas séparément les réserves des grands fonds océaniques, celles-ci n'ayant pas encore été véritablement exploitées jusqu'ici. Nous nous contenterons de signaler que les effets sur l'environnement de ce type d'exploitation sont comparables à ceux des exploitations en zone côtière. Sur le plateau continental, les travaux se font au moyen de dragues à godets ou dragues suceuses à des profondeurs ne dépassant pas 50 m.

Les travaux en question ne vont pas sans la modification des fonds sous-marins, qui représente le principal impact écologique de cette forme d'exploitation. Le dragage des sols se fait par voie mécanique ou hydraulique, les matériaux remontés étant séparés de leur gangue dans l'atelier de préparation installé sur le navire. La modification de la morphologie et de la composition des sols entraîne une restructuration intégrale des fonds marins. Cette restructuration est due à un effet de triage naturel des déblais, stériles et refus des ateliers de préparation se déposant au fond de la mer, lorsque ces matériaux sont restitués en grandes quantités après l'extraction, c'est-à-dire que la teneur en substances utiles est faible. Dans le cas de matières premières à forte teneur en matériau utile (peu de résidus), tels les sables et les graviers, c'est le volume des ponctions qui agit sur la morphologie des fonds marins. Les changements produits peuvent renforcer l'érosion côtière et l'accumulation de sédiments, les sols nouvellement formés pouvant avoir perdu de leur compacité ou être cimentés par les fines et les schlamms qui retournent dans la mer.

Les fines et les schlamms rejetés par les postes de préparation mécanique ou soulevés par les remous de l'extraction sous-marine restent longtemps en suspension. L'eau devient fortement turbide et ces matières en suspension peuvent être entraînées par les courants marins. Les zones ainsi polluées peuvent se situer à plus de 10 km de la source de pollution.

Dans des eaux peu agitées, les fines et les schlamms se déposent au fond de la mer qu'ils recouvrent d'une couche argileuse.

A l'instar de l'extraction en milieu sec, la marche des groupes moteurs, machines et appareils entraîne la pollution de l'eau et de l'air ainsi que des nuisances sonores.

L'altération des fonds marins nuit à l'équilibre biologique des sols, dans les zones exploitées comme dans celles des environs, également affectées par la pollution. Ceci concerne avant tout les organismes marins sédentaires comme les coraux, qui se trouvent partiellement ou entièrement détruits en raison de la forte turbidité de l'eau et de la sédimentation des fractions fines. Mais les nuages de matières en suspension affectent le milieu marin tout entier. Citons comme principaux effets l'opposition au passage de la lumière, la consommation d'oxygène en raison des processus d'oxydation des particules en suspension, l'encombrement des voies respiratoires chez les organismes marins et leur intoxication éventuelle en raison des traces de métaux dans l'eau. Si la faune sous-marine mobile peut échapper à la majeure partie de ces effets en émigrant, elle est tout de même touchée compte-tenu de la destruction de ses frayères.

Les exploitations sous-marines n'affectent pas directement le cadre de vie d'un groupe de population, puisqu'on ne peut pas véritablement parler dans ce cas de population locale. Elles concurrencent néanmoins le secteur de la pêche qui enregistrera des pertes et s'opposent à d'autres formes de valorisation du site comme les aménagements pour les loisirs.


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