Secteur minier et énergie


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35. Reconnaissance, prospection et exploration des ressources géologiques

1. Présentation du domaine d'intervention
2. Effets sur l'environnement et mesures de protection

2.1 Accès au site

2.1.1 Routes
2.1.2 Tranchées

2.2 Cartographie topographique et géographique
2.3 Camps et installations auxiliaires
2.4 Géophysique

2.4.1 Méthodes aériennes
2.4.2 Sismique
2.4.3 Méthodes d'examen géophysique non sismiques
2.4.4 Examen géophysique des forages

2.5 Examens hydrogéologiques

2.5.1 Essais de pompage en continu
2.5.2 Essais d'injection
2.5.3 Essais avec marqueurs

2.6 Travaux de pré-exploitation

2.6.1 Mise à découvert
2.6.2 Puits/galeries
2.6.3 Sondages
2.6.4 Déchets solides/terrils

2.7 Prélèvement d'échantillons

2.7.1 Prélèvements en surface
2.7.2 Prélèvements sous-marins

2.8 Examens de laboratoire

2.8.1 Analyses
2.8.2 Essais de préparation d'échantillons

3. Aspects à inclure dans l'analyse et l'évaluation des effets sur l'environnement
4. Interaction avec d'autres domaines d'intervention
5. Appréciation récapitulative de l'impact sur l'environnement
6. Bibliographie

1. Présentation du domaine d'intervention

Le présent dossier décrit les effets produits sur l'environnement par les travaux de reconnaissance, de prospection et d'exploration de ressources géologiques ainsi que les mesures de prévention envisageables.

Les matières premières minérales et les nappes phréatiques constituent les ressources géologiques essentielles du globe. Les sols seront ici considérés uniquement sous l'aspect des travaux de reconnaissance. Reconnaissance, prospection et exploration forment les différentes étapes de travail préalables à l'exploitation de ressources géologiques. Ce dossier ne prend pas en compte l'impact sur l'environnement de l'extraction, de la préparation mécanique, du traitement et de la distribution. Il fait également abstraction de toutes les activités se rapportant aux champs de pétrole et de gaz. Ces questions et celles relevant des secteurs annexes sont traitées dans des dossiers distincts.

La reconnaissance géologique de surface, inventaire et cartographie des ressources compris, a pour but de fournir des aperçus régionaux et de localiser et délimiter les zones prometteuses pour l'exploitation de matières premières minérales et/ou de faire ressortir des particularités pétrographiques.

La prospection (reconnaissance indirecte du sous-sol) se définit comme un travail de localisation de zones d'espoir et d'aires d'exploitation (sol). Les travaux sur le terrain se fondent sur des méthodes d'analyse géologiques, géophysiques et géochimiques.

L'exploration (reconnaissance directe du sous-sol) finalement est l'examen détaillé des zones d'espoir qui ont été localisées. Si l'on applique ici les mêmes méthodes que pour la prospection, l'exploration nécessite toutefois des interventions influençant directement l'environnement.

La reconnaissance, la prospection et l'exploration peuvent donner lieu à divers types de projet ; l'impact de tels projets sur l'environnement dépend en premier lieu des activités spécifiques d'un projet donné.

Pour la reconnaissance, la prospection et l'exploration, on a recours à des méthodes géophysiques indirectes et directes. D'une manière générale, on peut dire que les méthodes indirectes fournissent des résultats moins précis, mais permettent de couvrir des surfaces relativement étendues pour des coûts spécifiques moindres. L'approfondissement des données recueillies se fait sur la base de méthodes directes plus précises, mais bien plus onéreuses, appliquées de préférence aux zones prometteuses déjà localisées ou après identification de gisements ou d'anomalies de terrain. Pour les matières premières minérales par ex., on a recours aux méthodes d'analyse suivantes, dans l'ordre croissant de leur précision :

- Interprétation d'images satellitaires
- Interprétation de vues aériennes
- Interprétation de cartes géoscientifiques thématiques
- Exploitation d'examens géophysiques
- Examens de sondages à l'aide de procédés géochimiques et géophysiques, analyse d'échantillons prélevés.
- Examen de gisements potentiels par galeries
- Essais de préparation mécanique

En ce qui concerne les eaux souterraines, les examens portent sur les besoins en eau, la gestion des quantités à prélever, la qualité de l'eau et la protection des nappes ainsi que les répercussions écologiques d'un éventuel prélèvement (pour plus de détails voir point 4). L'appréciation portera notamment sur l'intérêt et la susceptibilité des écosystèmes rencontrés, la charge polluante pouvant être supportée par les milieux récepteurs et leur capacité, les effets des travaux de voirie nécessaires ainsi que les répercussions sociales, socio-culturelles et écologiques des effets de colonisation probables (pour plus de détails voir point 4).

Sur la base des travaux de cartographie, le sous-secteur des "sols" comprend l'évaluation et l'appréciation des sols et de leur vocation. Par ailleurs, il s'agira de dégager des mesures de protection des sols contre l'érosion, la salinisation, les engrais et produits phytosanitaires employés.

2. Effets sur l'environnement et mesures de protection

L'impact sur l'environnement des opérations effectuées dans ce secteur est relativement limité et les mesures préventives ne requièrent en général pas de moyens trop importants. Les dégâts inévitables mais acceptables doivent faire l'objet de dédommagements matériels.

Les risques pour l'environnement liés à la reconnaissance, la prospection et l'exploration peuvent se manifester sous différentes formes. Au fur et à mesure que l'on progresse d'une de ces étapes à l'autre, l'importance des répercussions sur l'environnement va en s'accroissant. En ce qui concerne les deux premières, elles sont généralement faibles et de nature passagère. Quant aux travaux exploratoires, ils nécessitent des moyens assez substantiels et les frais occasionnés constituent dans ce cas un mécanisme régulateur limitant les excès.

Les mesures de protection auront essentiellement pour but de minimiser les incidences écologiques et d'empêcher une dégradation de l'environnement, tant dans l'espace que dans le temps. Il importe avant tout de prévenir les dégâts irréversibles. Les ressources géologiques étant liées à un site donné, le choix est très limité quant aux emplacements où effectuer les examens. Choisir les moments opportuns de l'année peut contribuer à limiter les répercussions sur l'environnement (par ex. en effectuant les travaux en dehors des périodes de végétation/couvaison).

DEGATS ECOLOGIQUES POUVANT ETRE OCCASIONNES PAR LA RECONNAISSANCE, LA PROSPECTION ET L'EXPLORATION

Il est possible de limiter sensiblement ou même d'éviter d'éventuels dégâts, en appliquant les mesures suivantes :

- Ménager le site lors des travaux d'exploration en évitant par ex. l'emploi d'équipements lourds, d'ailleurs plus coûteux, et en prenant des mesures de protection des sols et de l'eau, de sécurité, de revégétalisation, etc.
- Sélection des emplacements d'intervention sur la base de considérations écologiques (y compris tranchées et voies d'accès, afin de minimiser les effets néfastes comme le morcellement). Ceci s'applique également aux sites où seront installés les camps et les équipements.
- Prévention des accidents (par ex. bassins de collecte des huiles et produits chimiques).

Les répercussions écologiques peuvent également être réduites si l'on applique comme principe général la recirculation et la récupération des substances et matériaux. Avant d'envisager une évacuation (réglementaire) des déchets, on examinera toutes les possibilités de recyclage. En fin de travaux, on s'efforcera de faire retrouver au site son état initial ou d'exclure au moins d'autres effets de longue durée sur l'environnement.

2.1 Accès au site

2.1.1 Routes

Il s'avère souvent nécessaire d'aménager des voies d'accès pour les véhicules, et de procéder pour cela à l'abattage d'arbres et à des travaux de terrassement. La portée des dégâts occasionnés par ces travaux annexes peut dépasser de loin celle des méthodes de reconnaissance, de prospection et d'exploration proprement dites. Le cas échéant, l'aménagement de l'accès aux lieux d'intervention a également des répercussions sociales, par ex. agitation au sein des populations et spéculations foncières. Pour éviter de voir s'amorcer un phénomène de colonisation intempestif à la suite de ces mesures d'aménagement, on pourra interdire les routes et les surveiller.

2.1.2 Tranchées

Les analyses géophysiques peuvent demander l'aménagement de petits sentiers de forêt, uniquement praticables à pied. Le cas échéant, il y a destruction de la végétation et les sols et les sous-sols sont alors exposés à des risques d'érosion.

Dans les régions tropicales et subtropicales, la végétation a généralement envahi à nouveau ces tranchées en l'espace de 1 ou 2 ans, de sorte que les dégâts ne persistent pas à long terme. Dans les régions semi-arides, en revanche, la végétation met bien plus de temps à reprendre ses droits. Sauf exception, les mesures de protection sont néanmoins superflues. A moins que cela paraisse souhaitable, on évitera de ménager l'accès à des zones jusqu'alors inaccessibles.

Dans les cas où l'équilibre naturel rencontré est particulièrement précaire (zones marginales, terrains en pente), il peut s'avérer nécessaire de limiter les opérations en tenant compte des particularités du site (limitation de la consommation de surfaces au strict minimum, réduction de l'abattage d'arbres). Si une partie des zones concernées était vouée jusque là à un usage agricole, on devra envisager, en accord avec les autorités compétentes, un dédommagement des personnes lésées.

2.2 Cartographie topographique et géographique

Seuls les travaux de cartographie intensifs, basés sur des expéditions sur le terrain, sont susceptibles d'avoir des effets néfastes sur la faune et la flore lorsqu'ils sont réalisés à grande échelle.

2.3 Camps et installations auxiliaires

Il est souvent nécessaire d'établir des camps fixes, comprenant logements, ateliers, laboratoires de terrain, entrepôts pour le matériel etc. Ceci se traduit par une consommation d'espace et s'accompagne d'un compactage des sols et de perturbations, voire de destructions, au sein de la flore et de la faune. On assurera en tout les cas l'évacuation correcte des déchets et eaux usées.

2.4 Géophysique

2.4.1 Méthodes aériennes

Dans le cas de survols (méthodes de mesure aériennes), le bruit occasionné notamment par les hélicoptères constitue une nuisance pour la faune des régions visées.

2.4.2 Sismique

Les effets produits sur l'environnement par les activités des équipes sismiques et plus précisément les vibrations dues aux tirs à l'explosif peuvent être minimisés par un bon bourrage des charges dans les trous préparés. Ces méthodes ne provoquent pas de dégâts irréversibles.

2.4.3. Autres méthodes géophysiques

Pour les méthodes d'examen géophysiques autres que la sismique, les mesures sont effectuées sur le sol ou à faible hauteur (env. 1,5 m) au moyen d'appareils portatifs. Les répercussions sur l'environnement sont très faibles et dues uniquement au transport du matériel et à la circulation du personnel dans les régions examinées.

Pour l'alimentation en courant d'un camp ou pour certains procédés électriques, on a recours à un groupe électrogène fonctionnant au gazole ou à l'essence. Les risques de préjudices pour l'environnement résident alors dans un stockage non conforme et les comportements négligents lors de l'avitaillement ou du graissage.

2.4.4 Examens géophysiques des sondages

Ces examens sont effectués directement dans le trou de sonde sur la base de procédés radiométriques, électriques, magnétiques, acoustiques, mécaniques et thermiques. Les répercussions écologiques restent limitées aux environs immédiats des points de mesure pour toutes ces méthodes, à l'exception éventuellement de la mesure radiométrique, utilisant des sources de radiation actives. Ici, on veillera à prendre toutes les précautions qui s'imposent pour le calibrage et l'introduction de la sonde dans le trou. On prendra soin de toujours récupérer ces sondes. Les carottes radioactives sont à repérer et en cas de forte radioactivité, on appliquera les mesures de sécurité requises, allant jusqu'à faire appel à des spécialistes de la radioprotection.

2.5 Examens hydrogéologiques

2.5.1 Essais de pompage en continu

Le prélèvement d'eau dans les sondages et les puits dans le cadre de pompages en continu permet de tester le débit des ouvrages ou encore la perméabilité de l'aquifère. L'abaissement du niveau de la nappe phréatique qui en résulte peut être néfaste aux puits des environs du point de prélèvement, mais cet effet n'est que passager.

2.5.2 Essais d'injection

Les essais d'injection en continu permettent d'examiner la capacité de puits absorbants. Ils peuvent provoquer des modifications passagères du régime hydrique. On veillera impérativement à la qualité de l'eau injectée.

2.5.3 Essais avec marqueurs

Dans les régions à relief karstique, on utilise les marqueurs pour déterminer le cheminement des eaux souterraines et leur temps de séjour. Il s'agit habituellement de colorants fluorescents (1), de substances radioactives (2), de sels (3) et de pollen (4). Les marqueurs (1) et (4) n'ont pas d'effets sur l'environnement ; les colorants fluorescents peuvent provoquer une gêne visuelle. Quant aux marqueurs (2) et (3), on limitera leur action et leur concentration de manière à éviter des effets néfastes sur l'environnement.

2.6 Travaux de pré-exploitation

Ces travaux consistent à ouvrir l'accès aux couches intéressantes pour pouvoir prélever des échantillons. Selon l'environnement géologique et la profondeur à atteindre, on distingue :

2.6.1 Mise à découvert

L'élimination de la végétation et le décapage des sols constituent le principal impact écologique de la réalisation de la mise à découvert (grattage) d'une couche de matériau utile. Il peut s'avérer nécessaire de pénétrer plus profondément dans la roche mise à nu, mais pas plus que quelques mètres en général. Sur les terrains à forte déclivité, les emplacements ainsi décapés sont soumis à l'érosion. Pour empêcher l'aggravation des phénomènes d'érosion et pour des raisons de sécurité, les zones de découverture devront être remblayées avec la terre décapée et la terre végétale qu'on aura entreposée séparément. En cas de besoin, on prendra des mesures complémentaires de lutte contre l'érosion.

2.6.2 Les puits/galeries

Lorsqu'il n'est pas possible d'atteindre les niveaux à explorer par des sondages ou la mise à découvert, l'exploration du sous-sol peut s'effectuer par le biais de galeries horizontales ou légèrement en biais ou par des puits verticaux, qui permettront d'effectuer les prélèvements souhaités. Pour les galeries, on tiendra compte des entrées nécessaires et des venues d'eau éventuelles. Les galeries réalisées peuvent occasionner un drainage des eaux captives dans la roche. La recherche et l'exploration de gisements uranifères peut nécessiter des mesures de sécurité particulières. En l'absence de directives nationales sur le sujet, on procèdera conformément aux principes des textes législatifs en vigueur en matière de radioprotection.

Les travaux d'exploration de plus grande envergure peuvent être considérés comme des activités minières. Leur impact sur l'environnement est donc décrit en détail dans les dossiers relatifs aux exploitations à ciel ouvert et souterraines.

Pour des raisons de sécurité, les entrées des galeries et accès aux puits doivent être condamnés lors d'interruptions du travail puis après achèvement des travaux.

Lorsqu'au cours du creusement de puits ou galeries, on vient à éventrer une nappe d'eau souterraine, la qualité de ces eaux peut se trouver menacée. Après achèvement des explorations, ils devraient donc être à nouveau comblés jusqu'en surface. Pendant les travaux, on prendra les mesures de sécurité qui s'imposent afin d'éviter les accidents. S'il est par ex. impossible d'empêcher l'accès de personnes non autorisées, on recouvrira l'ouverture des puits d'une solide plaque de protection.

Les puits donnant accès aux nappes souterraines revêtent une importance particulière puisqu'ils assurent l'approvisionnement en eau de la population rurale dans les régions sèches. Ici, les incidences écologiques sont d'ordre qualitatif lorsque la nappe d'eau ouverte n'est pas protégée contre les souillures. Ceci s'applique également à la mise à découvert de couches communiquant avec la nappe phréatique, tandis que les eaux drainées par les galeries ne posent généralement pas de problèmes d'hygiène.

2.6.3 Sondages

Les sondages permettent d'atteindre les couches plus profondes du sous-sol. Ils donnent la possibilité de procéder à des levés géologiques, des mesures géophysiques et d'effectuer des prélèvements d'échantillons. Pour l'examen des aspects hydrogéologiques, on a également recours à des essais de pompage (cf. 2.2.7). Les travaux de foration pouvant être très bruyants, ils représentent une source de nuisance pour les personnes travaillant sur place ou habitant à proximité ainsi que pour la faune. On veillera donc à prendre les mesures de protection acoustique et auditive requises et en particulier à respecter les directives concernant la sécurité du travail.

Selon le climat sous lequel on travaille, le défrichage de la zone tout autour de l'emplacement de sondage peut s'avérer nécessaire.

La foration comporte toujours un certain potentiel de risque pour les nappes d'eau souterraines. En l'absence de mesures de protection adéquates, elle peut avoir des répercussions néfastes lorsqu'on rencontre une nappe d'eau captive (par ex. du type artésien) et que différentes nappes (dont les eaux peuvent être de qualité très diverse) sont amenées à communiquer ou lorsqu'on perfore l'assise inférieure de nappes suspendues.

L'écoulement des eaux de puits artésiens représente un gaspillage des réserves souterraines et peut porter préjudice à la zone au voisinage du sondage, par salinisation des sols par ex. Lorsque différentes nappes sont mises en communication, cela peut entraîner une réduction de quantité et de qualité de l'ensemble des réserves. Les nappes suspendues peuvent se vider. Il faudra considérer les éventuelles conséquences : les puits ne sont plus alimentés en eau et les trajets deviennent plus long pour la corvée d'eau des habitants de la région - tâche revenant en grande partie aux femmes.

Ces effets peuvent néanmoins être évités si l'on prend des précautions telles que valves de pression, injections spéciales, bouchons, couches imperméables d'argile lors de la foration. Dans les régions présentant de tels risques, les sondages demandent une planification technico-géologique détaillée et doivent être équipés et entretenus en conséquence (description détaillée dans le dossier "pétrole et gaz naturel").

Dans les régions semi-arides, il arrive plus souvent que l'on éventre des aquifères représentant des réserves d'eau non renouvelables. Avant de prendre de tels risques, on procèdera donc à une évaluation précise des ressources exploitables par rapport aux besoins prévisionnels afin d'éviter les investissements non rentables et les dégâts écologiques.

Les répercussions négatives des sondages sur l'environnement sont liées aux matières amenées au jour, aux produits chimiques, à l'eau utilisée et au stockage non conforme des carburants. Les débris remontés à la surface ainsi que les fluides d'injection doivent être collectés, puis épurés après l'achèvement des travaux, de façon à ne rejeter que des eaux propres. L'emplacement du forage doit être nettoyé et si possible retrouver son état initial.

2.6.4 Déchets solides/terrils

La production de déchets solides peut être due aux travaux de laboratoire, mais également aux activités d'exploration et d'extraction. Dans le cas de ferrailles (par ex. trains de tiges de forage usés), celles-ci seront récupérées et soit éliminées dans les règles, soit valorisées. Le même principe s'applique aux résidus boueux et aux injections usagées.

Lors de la mise à découvert, de la réalisation de galeries et puits, les matériaux excavés doivent être entreposés temporairement. L'ampleur des surfaces ainsi mises à contribution dépend des tonnages déplacés et du relief du terrain. Sous l'effet du vent, des précipitations et du ruissellement, il peut se produire des envols de poussière ou un lessivage des amas de déblais avec comme conséquence la pollution des eaux des environs. Dans certains cas particuliers, cela pourra provoquer des glissements de terrain. Si les matériaux entassés présentent un potentiel de risques important, par ex. s'ils sont radioactifs, on appliquera les mesures de précaution suivantes :

- prévention des lessivages et des envols de poussière
- collecte et épuration des eaux qui s'écoulent du terril (imperméabilisation des sols et éventuellement drainage des eaux de ruissellement)
- surveillance des voies d'évacuation.

On évitera en grande partie les problèmes liés à l'érosion en renforçant la stabilité des terrils par des ouvrages de soutènement ou des plantations.

2.7 Prélèvement d'échantillons

2.7.1 Prélèvements à ciel ouvert

Le prélèvement d'échantillons à des fins d'analyse nécessite souvent le décapage des couches de terrain superficielles ou des travaux préparatoires permettant d'accéder aux zones plus profondes. L'opération de prélèvement en elle-même a rarement des incidences sur l'environnement si ce n'est parfois les nuisances sonores causées par les marteaux pneumatiques. Ces effets sont généralement passagers et sans gravité. Les répercussions écologiques des travaux préparatoires donnant accès au gisement sont plus sérieuses. Elles ont été décrites en détail au point 2.6.

2.7.2 Prélèvements sous-marins

Les prélèvements sous-marins ont des répercussions sur l'écosystème, que l'on opère dans les zones côtières au niveau du plateau continental ou bien dans les grands fonds : modification de la morphologie des fonds marins, perturbation de la couche de pédiment superficielle, destruction d'organismes, turbidité de l'eau.

Tous ces effets doivent être limités autant que possible sur la base des méthodes et précautions suivantes:

- Exploration des fonds marins au moyen de caméras, afin de circonscrire l'aire où se feront les prélèvements.
- Echantillonnage ciblé dirigé par l'image TV.
- Eviter le décapage ou l'aspiration sur de grandes surfaces.
- Séparer les boues et les fines particules de la phase aqueuse: les suspensions restant mélangées peuvent menacer la faune marine, surtout si elles gagnent la zone photique.

Ne pas rejeter en mer les résidus d'acides utilisés pour la préparation des minéraux.

Selon le cas, les appareils d'analyse in-situ exploitent également le rayonnement de radio-isotopes, ce qui peut entraîner une augmentation (habituellement inoffensive) de la radioactivité.

2.8 Examens de laboratoire

2.8.1 Analyses

Les analyses effectuées en laboratoire peuvent produire des quantités de déchets non négligeables, sous forme solide, liquide ou gazeuse, ou d'eaux usées, mélangés en partie à des réactifs toxiques. Selon les cas, l'air extrait et les effluents gazeux nécessiteront un filtrage ou un lavage. Les déchets liquides et eaux usées se prêtent à un traitement par neutralisation, précipitation, épuration, séparation, etc. Les solvants organiques doivent être collectés de façon à empêcher la diffusion de vapeurs nocives dans l'atmosphère. Il faudra prendre en outre des mesures assurant l'évacuation dans les règles des déchets liquides et solides (incinération, mise en décharge, stockage définitif). On peut également envisager un recyclage des matières en question. Pour plus de détails sur le sujet, on se reportera au dossier "Analyse, diagnostic et test".

2.8.2 Essais de préparation mécanique

Dans le cadre de projets d'exploration minière, il peut s'avérer nécessaire de procéder à des essais de traitement sur des échantillons de minerai. Les eaux usées produites au cours des travaux doivent être recueillies dans des bassins de décantation et être traitées de façon adéquate, dans la mesure où elles contiennent des substances présentant des risques pour le milieu récepteur ou les nappes d'eau souterraines (voir dossier "Secteur minier - Préparation et transport").

3. Aspects à inclure dans l'analyse et l'évaluation des effets sur l'environnement

Il convient de distinguer les effets sur l'environnement exposés dans la partie 2 et les effets pouvant résulter des activités consécutives à cette phase d'exploration. Les études, rapports et expertises élaborés dans le cadre des projets du type abordé ici devraient pourtant déjà faire état des éventuelles répercussions écologiques pouvant se manifester lors de l'exploitation des gisements découverts. Les travaux de reconnaissance et d'exploration doivent s'accompagner d'une première évaluation des incidences écologiques qui se manifesteront par la suite. En cas de besoin, on procèdera à des examens spécifiques sur ce point, parallèlement aux travaux de reconnaissance. Ces examens devraient être conduits compte-tenu des données nécessaires à l'étude d'impact sur l'environnement qui devra suivre. Pour plus de détails sur leur nature, leur ampleur et leur évaluation de même que sur les mesures préventives à mettre en oeuvre, on devra consulter les dossiers de l'environnement pertinents (cf. point 4).

4. Interaction avec d'autres domaines d'intervention

On constate certains recoupements avec d'autres dossiers relatifs à l'environnement:

- Aménagement du territoire et planification régionale
- Aménagement et gestion des ressources en eau
- Adduction et distribution d'eau en milieu urbain
- Alimentation en eau des régions rurales
- Travaux routiers sur réseaux principaux et secondaires (Construction et Entretien)
- Hydraulique rurale
- Hydraulique lourde
- Secteur minier - Exploitations à ciel ouvert
- Secteur minier - Exploitations souterraines
- Pétrole et gaz naturel - Exploration, exploitation, transport, stockage
- Secteur minier - Préparation et transport
- Ciment et chaux, plâtre
- Le verre.

Les nappes d'eau souterraines constituent un aspect particulièrement important pour tous ces domaines d'intervention. L'approvisionnement en eau à partir des nappes phréatiques et la protection de cette ressource jouant un rôle très important pour l'aménagement du territoire et la planification régionale, et en particulier pour le développement rural, l'appréciation des effets écologiques induits par les mesures mises en oeuvre revêt elle aussi une importance particulière. Les travaux de reconnaissance présentent des liens étroits avec le domaine des ressources minérales et l'exploitation des gisements localisés car ils permettent déjà de déceler certaines répercussions sur l'environnement au stade des études de faisabilité.

5. Appréciation récapitulative de l'impact sur l'environnement

Les projets ont pour objectif global d'assurer la satisfaction de besoins élémentaires (approvisionnement en eau potable par ex.), la gestion réfléchie des ressources exploitées (l'eau par ex.), l'exploitation adaptée des sols, la couverture des besoins locaux en énergie et en matières premières minérales et, par voie de conséquence, la création d'emplois dans le domaine de l'extraction et de l'exportation des ressources, le tout en tenant compte des impératifs de l'environnement. Ces objectifs reposent pour une grande part sur le transfert de savoir-faire et la sensibilisation à la sauvegarde de l'environnement.

A condition d'apporter tout le soin nécessaire à la planification et à l'exécution du projet (mesures préventives, prise en compte des effets prévisibles), la reconnaissance, la prospection et l'exploration de ressources géologiques peuvent être menées sans grandes répercussions sur l'environnement.

Il existe en effet des méthodes applicables à peu de frais qui permettent de limiter les dégâts écologiques ou de remédier à ceux qui ont été causés.

Les travaux de reconnaissance fournissent en même temps les informations écologiques indispensables à une gestion durable des sols, nappes souterraines et ressources minières non renouvelables.

La mise en oeuvre des mesures de protection de l'environnement passe par la sensibilisation des personnes concernées aux problèmes écologiques. L'analyse et l'évaluation des éventuels effets sur l'environnement doit faire partie intégrante du projet dès sa phase d'instruction.

On établira des directives de manière à

- limiter au strict minimum les impacts sur l'environnement,
- adapter les interventions au contexte naturel, lorsqu'elles sont inévitables,
- réparer au mieux les dégâts occasionnés ou tout au moins en limiter les effets,
- éviter les dégâts irréversibles dans la mesure du possible.

Au cours de la phase de planification, on définira les mesures à prendre et on désignera les personnes responsables de leur exécution.

Pour assurer le succès de ces mesures, on en contrôlera l'application non seulement au cours des activités, mais aussi à la clôture du projet.

On attirera également l'attention sur les éventuelles incidences écologiques pouvant surgir lorsqu'un projet arrivé à terme fait l'objet d'une prolongation ou est complété par de nouvelles activités.

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