Table des matières - Précédente - Suivante
1. Présentation du domaine d'intervention
2. Effets sur l'environnement et mesures de
protection
2.1 Stockage et traitement des céréales
2.1.1 Silos portuaires et de transit, silos des minoteries
2.1.2 Entreposage dans les coopératives et magasins de stockage
2.1.3 Installations de nettoyage des semences
2.1.4 Installations de séchage2.2 Les minoteries (mouture du blé)
2.3 Décorticage2.3.1 Rizeries
2.3.2 Décorticage et transformation du sorgho et du mil
2.3.3 Décorticage de légumineuses2.4 Choix du site
2.5 Energie fournie par les issues (déchets du décorticage)
2.6 Transformation des déchets de nettoyage et des sous-produits des minoteries
2.7 Evacuation des poussières
3. Appréciation récapitulative de l'impact
sur l'environnement
4. Interactions avec d'autres domaines
d'intervention
5. Appréciation récapitulative de l'impact
sur l'environnement
6.
Bibliographie
1. Présentation du domaine d'intervention
Le domaine d'intervention englobe toutes les activités de meunerie, y compris l'entreposage des matières premières et des produits finis. Il comprend également la fabrication d'aliments pour animaux et la préparation des semences, activités presque toujours rattachées au complexe général de la transformation des céréales.
Les examens ont porté uniquement sur les industries meunières élaborant des produits alimentaires finis ainsi que des aliments du bétail (sous-produits) à partir des matières premières cultivées dans le pays ou importées.
L'exposé qui suit aborde les aspects écologiques du bruit, de la poussière, des eaux de procédé et des produits phytosanitaires.
Au sein du domaine d'intervention examiné, on peut dégager quatre groupes d'activité principaux:
- le stockage, le séchage et la préparation des semences,
- la mouture des céréales,
- le décorticage,
- le traitement thermique.
Les projets de séchage et de stockage des céréales produites sur place ainsi que la préparation des semences ont connu un regain d'intérêt considérable. Ce type de projet est devenu prioritaire dès lors qu'on s'est aperçu, d'une part, à quel point il était important de protéger les produits bruts périssables des influences climatiques, des animaux nuisibles, etc. et, d'autre part, que l'emploi de semences améliorées permettait d'augmenter la production.
Les installations de l'industrie meunière moderne intègrent des silos et halls de stockage d'une capacité suffisante pour les matières brutes à traiter ainsi que pour les produits élaborés et les sous-produits. Selon l'implantation des locaux, les modalités d'exploitation et l'usage général des équipements, une minoterie peut également comporter des installations de séchage et de nettoyage des semences. Les sous-produits sont souvent récupérés pour l'alimentation animale.
2. Effets sur l'environnement et mesures de protection
Considérant les techniques employées de nos jours, on peut affirmer que d'une façon générale, la production de farine, semoules, flocons, céréales, etc. requiert non seulement de l'énergie pour le nettoyage, la mouture et le décorticage ainsi que pour le transport des produits finis et semi-finis, mais également des volumes considérables d'air.
Cet air est employé avant tout pour le transport vertical et horizontal des produits dans les systèmes de mouture et de décorticage, de même que pour le dépoussiérage des équipements de transformation et du complexe de minoterie dans son ensemble. Selon les conditions climatiques régnant sur le site, il peut en outre s'avérer nécessaire de prévoir un système de refroidissement par air pour les groupes moteurs, les machines de traitement et l'ensemble des bâtiments.
La meunerie produit uniquement des eaux usées lorsque les grains doivent être lavés, c'est-à-dire lorsque les céréales restent entières ou ne sont que grossièrement broyées (semoules). La majorité des minoteries sont aujourd'hui équipées de systèmes de nettoyage par voie sèche, séparant les impuretés au moyen de tamis et de trieurs. La préparation du bulgur et du riz étuvé sont des activités auxiliaires génératrices d'eaux de procédé légèrement chargées d'amidon.
Dans les installations récupérant les déchets de minoteries pour la production d'énergie, notamment les glumelles du riz pour la production de gaz pauvre destiné aux moteurs à gaz, les eaux résiduaires ont une teneur en phénol de 0,03 mg/l. Des glumelles brûlées pour la production de vapeur, il reste 18% de cendres, qu'il faut évacuer. Ceci s'applique également aux installations à gaz.
D'une façon générale, l'incidence des activités meunières sur l'environnement se présente sous les formes suivantes:
- émission de poussières,
- nuisances sonores,
- risques d'explosion de poussières et d'incendies,
- nuisances olfactives, dans une certaine mesure,
- risques liés aux gaz toxiques,
- valorisation des résidus ou évacuation des déchets,
- eaux de procédé.
2.1 Stockage et traitement des céréales
2.1.1 Silos portuaires et de transit, silos des minoteries
Ce genre d'installations sert au stockage et au transit de céréales importées ou destinées à l'exportation. On les trouve dans tous les grands ports où arrivent des chargements de céréales (blé, maïs, riz, mil, etc.) ainsi que des produits bruts ou semi-finis constituant les matières premières des industries alimentaires locales (alimentation humaine et animale) et où sont embarqués les produits d'exportation, tels le maïs, le riz, le mil, le tapioca, etc.
Dans le tableau ci-après sont regroupés les teneurs en poussière de l'atmosphère des locaux de travail pour les différentes activités relevant de la meunerie et les seuils réglementaires applicables en Allemagne.
Tableau 1 Emissions de poussières et seuils réglementaires en vigueur en Allemagne
Type dactivité meunière | Teneur en poussières de latmosphère de travail | Seuils réglementaires |
Stockage en silos | 12 à 15 g/m3 | 50 mg/m3 |
Séchage | 15 à 18 g/m3 | 50 mg/m3 |
Mouture | env. 96 g/m3 | 50 mg/m3 |
Décorticage | 6 à 8 g/m3 | 50 mg/m3 |
Nettoyage des semences | 8 à 10 g/m3 | 50 mg/m3 |
Dans les magasins de stockage comportant des installations de prénettoyage et dans les minoteries, les poussières dégagées lors du nettoyage sont captées par un système d'aspiration avec tuyauteries et séparées au moyen de cyclones et de filtres. Afin d'assurer le meilleur dépoussiérage possible pour les machines et les locaux, tous les systèmes de manutention et les machines devraient être encoffrés et pourvus des raccords d'aspiration nécessaires. L'élimination des poussières à l'aide de séparateurs est décrite et expliquée dans les directives 3676, 3677 du VDI (association des ingénieurs allemands). Les mesures de sécurité préconisées dans ces directives devraient être prises en compte.
Compte tenu du haut degré de mécanisation des minoteries modernes, le chargement et l'emballage sont les seuls postes où le personnel travaille en atmosphère poussiéreuse. Dans la mesure du possible, on prévoira ici aussi des dispositifs de captation à la source.
Dans les silos de transit, toutes les poussières produites par le nettoyage et recueillies par aspiration sont collectées et ensachées.
Les déchets de nettoyage éventuellement infestés par des ravageurs des denrées stockées seront immédiatement détruits.
Les installations de nettoyage permettent de récupérer et de préparer les déchets et brisures provenant du dépoussiérage et du nettoyage des céréales pour les mélanger aux issues (son) destinées à l'alimentation du bétail.
Le bruit constitue un autre aspect de l'impact de la meunerie sur l'environnement. Le problème des nuisances sonores auxquelles sont exposés les travailleurs et le voisinage va en s'aggravant, dans la mesure où les ateliers sont de plus en plus souvent équipés de machines tournant à grande vitesse et où l'espace est exploité au maximum.
Les mesures de protection contre le bruit concernent le personnel des exploitations ainsi que les riverains. Outre les protections individuelles, on veillera à réaliser des écrans acoustiques, par exemple en prévoyant un revêtement adéquat sur les plafonds et les murs.
Par ailleurs, il est recommandé d'isoler les fondations des machines de façon à limiter les vibrations.
Les Instructions Techniques sur la protection contre le bruit "TA-Lärm" applicables en Allemagne pour les différentes zones industrielles, résidentielles ou mixtes devront être respectées lors de la planification et de la construction des exploitations.
Le personnel travaillant en permanence dans une atmosphère où le niveau sonore dépasse 70 dB devra porter les protections auditives prévues.
Le personnel devra être initié et informé correctement. Il faudra de plus contrôler si les mesures de sécurité sont bien appliquées.
Les explosions de poussière et incendies peuvent mettre en danger les hommes, les locaux et les équipements. L'explosion est suivie d'une réaction chimique de plus en plus rapide d'un mélange de poussières et d'air, qui s'accompagne d'un dégagement de chaleur et qui provoque une pression soudaine due aux gaz en présence ou venant de se former. L'explosion de poussières résulte de la concomitance de trois facteurs: poussière, air (oxygène) et énergie d'inflammation. L'énergie peut être d'origine thermique ou électrique (électricité statique).
Les centres de stockage à silos sont particulièrement menacés par les explosions de poussières. Celles-ci peuvent être provoquées par des étincelles d'origine mécanique ou électrique (décharge d'électricité statique), par échauffement mécanique, par des points incandescents, des surfaces surchauffées, des travaux de soudage, etc. A titre préventif, on s'efforcera d'éliminer ces sources d'inflammation, et on évitera les concentrations dangereuses de poussières par capotage des machines, par exemple. Comme mesures de sécurité complémentaires, on adaptera les locaux en conséquence: résistance à la pression, système de détente et d'inhibition des explosions. Comme autres dispositions efficaces de prévention des incendies et des explosions, on peut encore citer les mesures suivantes:
- exécution de travaux de découpage et de soudage uniquement
lorsque les installations sont à l'arrêt ;
- travaux de nettoyage réguliers avec des appareils munis de
dispositifs de protection contre les explosions de
poussières ;
- initiation du personnel à l'utilisation des moyens
d'extinction ;
- information du personnel sur les causes d'incendies et
d'explosions de poussières.
Finalement, toutes les mesures visant à limiter les risques d'explosion (cf. les directives 2263 de l'association des ingénieurs allemands - VDI - en vigueur en Allemagne) devront être prises dans la phase de planification.
En ce qui concerne la préservation des stocks (lutte contre les nuisibles) dans les silos et les magasins de stockage, la méthode la plus courante est le traitement par fumigation. Toutefois, la pulvérisation, le poudrage et la nébulisation sont également autorisés dans certains cas.
Parmi les produits phytosanitaires autorisés et utilisés actuellement en Allemagne pour le traitement des stocks de céréales, on compte notamment:
- l'hydrogène phosphoré,
- le bromure de méthyle,
- l'acide cyanhydrique.
Pour la désinfection des locaux et silos vides - sans traitement simultané des stocks - il est également possible d'employer des fumigants et des produits liquides.
Sont autorisés en Allemagne:
- le lindane,
- le bromophos,
- le malathion,
- le dichlorvos,
- le piperonylbutoxyde,
- les extraits de pyrèthre et
- les combinaisons de ces produits.
L'utilisation non conforme de pesticides dans le but de lutter contre les nuisibles ou de protéger les denrées stockées peut provoquer la propagation de substances dangereuses jusqu'aux bâtiments industriels et aux habitations adjacentes (par ex. hydrogène phosphoré). C'est pourquoi, les techniques de lutte devront faire l'objet d'une attention particulière (par ex., fumigation des silos en circuit fermé).
Pour les interdictions et restrictions spécifiques à certains produits, on consultera la liste des produits phytosanitaires du pays concerné ou on se renseignera auprès du centre d'homologation compétent pour ce type de produits. Les consignes du fabricant devront être strictement respectées et mises à disposition dans la langue du pays.
Après un traitement, les céréales ne pourront être distribuées ou consommées qu'après écoulement d'un délai déterminé, afin que les résidus de pesticides contenus dans les produits végétaux ne dépassent pas le seuil limite défini. (cf. dossier "Analyse, diagnostic et test" et volume III "Catalogue des normes antipollution").
La désinfection des cellules des silos ou des magasins à l'aide de produits phytosanitaires devra être confiée à des sociétés agréées qui disposent des appareillages spéciaux et dispositifs de sécurité requis ainsi que de personnel possédant une formation adéquate.
2.1.2 Entreposage dans les coopératives et magasins de stockage
Les centres de stockage simples(réserves de matières premières notamment) se présentent comme des magasins prévus pour des marchandises ensachées ou un stockage horizontal. Les sacs de céréales ou les grains en vrac sont nettoyés, stockés, ventilés et éventuellement traités contre les ravageurs et les maladies des denrées stockées. Aujourd'hui encore, dans de nombreux pays la plus grande partie des récoltes de maïs, de riz, de sorgho est stockée dans de tels magasins, les pertes pouvant être de l'ordre de 15% et plus.
Illustration 1 Organisme d'un silo de transit portuaire
Les magasins de stockage standards devraient comporter les équipements nécessaires au nettoyage, à la ventilation et à la fumigation.
Les entrepôts étant des constructions légères et aérées, le risque d'explosion de poussières est pratiquement écarté. Les incendies ne sont toutefois pas exclus. Pour le reste, les effets sur l'environnement coïncident avec ceux mentionnés au point 2.1.1. Comme moyens de protection phytosanitaire, il est possible de recourir au poudrage ou à la pulvérisation, mais la fumigation est également une méthode courante.
Les mesures de sécurité mentionnées au point 2.1.1 ne s'appliquent pas seulement aux silos, mais également aux magasins de stockage, à l'exception de celles relatives à la prévention des explosions.
La fumigation demande en outre des précautions particulières. Le traitement des produits ensachés nécessitant une atmosphère confinée, alors que les locaux ne sont généralement pas étanches, on emploiera des bâches spéciales étanches aux gaz, l'étanchéité au niveau du sol étant obtenue par des boudins de sable.
2.1.3 Installations de nettoyage des semences
Le traitement des semences n'entre pas dans le domaine de la meunerie. Dans de nombreux pays, cette activité compte toutefois parmi les prestations offertes par les coopératives à leurs membres.
Dans ces installations, les semences sont triées à l'aide de tamis, de séparateurs-aspirateurs et de trieurs pour obtenir un produit d'une grande pureté. L'élimination des graines étrangères et l'amélioration du pouvoir germinatif par enrobage permettent d'obtenir des semences de meilleure qualité et d'augmenter ainsi les rendements à l'hectare.
L'atmosphère de travail est chargée de poussières primaires. Ces poussières ainsi que les déchets organiques éliminés (graines mal formées, graines de mauvaises herbes, etc.) peuvent être récupérés pour la production d'aliments pour le bétail.
L'enrobage consiste à appliquer des produits fongicides et insecticides sur les grains (poudrage humide ou non). Il s'agit de produits phytosanitaires prévus spécialement pour le traitement de semences. Tous les produits d'enrobage autorisés en Allemagne figurent dans la liste des produits phytosanitaires de 1990 établie par le Centre fédéral de recherches biologiques pour l'agriculture et les forêts.
Pour l'amélioration des semences, ces produits peuvent être employés seuls ou combinés selon les effets recherchés.
Produits phytosanitaires usuels (matières actives):
- Antrachinon,
- Bibertanol,
- Bendiocarbe,
- Fuderidazol
- Bromophos,
- Lindane,
- Carboxine,
- Fenfuram, etc.
En ce qui concerne l'atmosphère de travail et l'air extrait dans de telles exploitations, les mesures de protection de l'environnement consistent à assurer la salubrité des locaux et à épurer l'air extrait avant rejet à l'atmosphère. On se reportera à cet effet aux systèmes de filtrage cités au paragraphe 2.1.1 ainsi qu'aux seuils réglementaires figurant au tableau 1.
Quant aux traitements de protection des semences, les produits phytosanitaires requièrent des précautions particulières vis à vis du personnel et des futurs consommateurs.
On tiendra compte des modalités d'autorisation en vigueur dans le pays concerné ainsi que des conseils d'utilisation du fabricant (cf. également vol. III, Catalogue des normes antipollution.).
Illustration 2 - Organismme d'une installation de nettoyage des semences
2.1.4 Installations de séchage
Le séchage de céréales est un procédé thermique consécutif au nettoyage préliminaire, et consistant à faire évaporer l'eau contenue dans les produits par apport de chaleur. Le séchage des récoltes humides est d'usage dans les centres de stockage et les magasins du milieu rural (coopératives). Les minoteries et les silos de stockage eux aussi disposent fréquemment d'installations de séchage. Autrement dit, elles sont utilisées partout où des céréales dont le taux d'humidité est supérieur à 15% arrivent en grandes quantités. On a recours à des installations de séchage lorsque les conditions climatiques ne se prêtent pas à un séchage naturel au soleil (périodes de pluies). Seules des denrées sèches peuvent être stockées sur de longues périodes sans altération de la qualité.
L'atmosphère qui règne dans les installations de séchage et les locaux où sont implantées les machines de nettoyage est chargée de particules de poussières plus ou moins fines, qu'il convient d'éliminer à l'aide des séparateurs mentionnés au paragraphe 2.1.1. Les installations de séchage ne sont employées qu'à l'époque des récoltes. Elles devraient être implantées de préférence à proximité des cultures (zones faiblement habitées). Ces machines sont génératrices de nuisances dans la mesure où elles sont relativement bruyantes.
Les mesures de protection contre les poussières et le bruit énumérées au paragraphe 2.1.1 s'appliquent également à cette activité-là.
Illustration 3 - Organismme d'une installation de séchage
2.2 Les minoteries (mouture du blé)
Les minoteries ont pour tâche de transformer les céréales en farines de qualité moyennant un taux d'extraction aussi élevé que possible. Les produits secondaires et résidus (son, farines basses et issues) sont récupérés par l'industrie des aliments pour le bétail ou par l'agriculture. Par ailleurs, les minoteries fournissent également des denrées dites "complètes".
Dans l'industrie de la farine de blé, le nettoyage des céréales se fait en partie encore au moyen de laveuses, technique obsolète qui oblige à contrôler les débits d'eau usée (jusqu'à 1000 l/t). Il est donc également recommandé de prévoir une distance suffisante jusqu'aux zones d'habitation du voisinage. Dans les minoteries modernes, l'eau utilisée pour le conditionnement (mouillage) des céréales est entièrement absorbée par les grains. Aujourd'hui, toutes les opérations de nettoyage se font par systèmes pneumatiques, tamis et trieurs. Les laveuses ont été en grande partie remplacées par des brosses ou épointeuses, qui ne produisent pas d'eaux résiduaires.
Dans sa forme traditionnelle, une minoterie nécessite env. 5 à 10 mètres cube d'air par tonne de mouture. Ce volume d'air peut être réduit de jusqu'à 15% si les machines employées au nettoyage fonctionnent suivant le principe du recyclage (recirculation de l'air). L'air provenant des ateliers doit être systématiquement filtré avant son rejet dans l'atmosphère.
Les minoteries elles aussi sont concernées par le risque d'incendie à la suite d'une explosion de poussières. L'exposition des personnes au bruit est un aspect écologique qui se retrouve dans tout le domaine de la meunerie.
Toutes les mesures de sécurité mentionnées pour le stockage des céréales valent également pour les installations de minoterie. Si les établissements comportent des silos directement reliés aux autres bâtiments, il faudra prévoir, outre le cloisonnement automatique par vannes sur les systèmes de manutention reliant deux unités, des parois coupe-feu entre les différentes installations. Pour l'épuration des eaux usées des laveuses, on prévoira un bassin de décantation pour matières organiques (balles, chaumes, déchets de nettoyage, etc.).
Illustration 4 - Schema de fonctionnement d'une minoterie à blé
Le décorticage est une activité spécifique à certains types de céréales tels l'avoine, l'orge, le riz, le sorgho et le mil, ainsi que des légumineuses. Bien que la technologie du décorticage diffère des opérations liées à la mouture, les nuisances écologiques et les mesures de sécurité qui en découlent sont ici sensiblement les mêmes.
2.3.1 Rizeries
Dans les rizeries, le riz paddy (grains entiers non décortiqués) est nettoyé à l'aide de séparateurs-aspirateurs, de tamis et de trieurs, décortiqué et blanchi (abrasion de la couche à aleurone), puis trié pour donner finalement le riz blanc prêt à la consommation. Certains pays sont en mesure de construire leurs propres rizeries, des exploitations de petite et moyenne capacité (Chine, Taiwan, Malaisie, Thaïlande, Inde et certains pays d'Amérique du Sud).
Les rizeries des pays précités constituent une source de pollution importante lorsqu'elles ne sont pas équipées de systèmes d'aspiration ou que ceux-ci ne répondent pas aux normes. Les cyclones sont souvent les seuls moyens utilisés pour l'élimination des poussières, alors que le rendement de ces dispositifs ne dépasse pas 90 à 95%. Dans ces cas-là, les émissions de poussières se situent entre 70 et 150 mg/m3. Ces systèmes devraient donc être complétés par des filtres à poussières.
L'élimination des balles de riz (20%) constitue le problème n°1 dans les rizeries. Une solution économique de valorisation de ces résidus est la pyrolyse, permettant de produire de l'énergie par des chaudières à vapeur ou du gaz pauvre pour des groupes moteurs à gaz (cf. dossier "Production végétale").
La production de riz étuvé nécessite de l'eau chaude industrielle (env. 65°C) et de la vapeur saturée.
Hormis les balles de riz, tous les autres sous-produits sont soit employés à l'échelle locale pour l'alimentation du bétail, soit exportés (farines basses du blanchiment et du polissage).
Après pyrolyse des balles de riz, il reste env. 18% du matériel de départ sous forme de cendres. Ces cendres peuvent être utilisées sur place pour l'amendement des sols. Plus récemment, elles ont été employées comme produit isolant dans des aciéries.
Dans le cas du riz étuvé, les eaux usées produites sont chargées de matières organiques dont la récupération n'est pas rentable, compte tenu des faibles quantités.
Le traitement du paddy nécessite env. 1 mètre cube d'eau potable par tonne de riz, les grains absorbant env. 30% de cette eau.
Pour le reste, ce type d'activité produit les mêmes effets sur l'environnement que ceux déjà mentionnés aux paragraphes 2.1.1 et 2.2.
Les mesures de protection de l'environnement applicables aux rizeries sont présentées ci-après par ordre de priorité:
- Les seuils réglementaires d'émission de poussières
applicables à la mouture des céréales valent également pour
les rizeries, c'est-à-dire qu'il faudra ici aussi prévoir des
installations d'aspiration modernes avec séparateurs et
systèmes de filtrage.
- Les émissions sonores de ces installations constituant
une nuisance pour les riverains, elles sont elles aussi soumises
à la réglementation présentée aux points 2.1.1 et 2.2.
- En ce qui concerne le traitement et l'évacuation des eaux
usées produites par les installations d'étuvage du riz, il
est recommandé de prévoir des décanteurs biologiques en cas de
fortes concentrations d'amidon.
- Les résidus essentiels de la production, à savoir les balles
de riz, doivent être éliminés. Outre la pyrolyse
avec utilisation des cendres pour l'amendement des sols,
l'industrie de la brique, la poterie et éventuellement la
production de furfurol offrent également des possibilités
d'utilisation . Les autres moyens de valorisation de ces résidus
demandent à être examinés en fonction du site d'implantation.
Illustration 5 Schéma de fonctionnement d'une rizerie
2.3.2 Décorticage et transformation du sorgho et du mil
La transformation industrielle du sorgho et du mil permet de fabriquer des farines se prêtant au stockage et de contrôler la qualité des produits finis à obtenir. Les farines ainsi produites sont de meilleure qualité et le taux d'extraction plus élevé.
L'essor de cette nouvelle branche de la meunerie a été encore plus marqué depuis l'apparition d'un nouveau produit (composite flour) obtenu en mélangeant ces farines à la farine de blé, la proportion de sorgho ou de mil pouvant atteindre 20%. De nombreux pays peuvent ainsi mettre à profit leurs matières premières locales.
Pour l'émission de polluants et les mesures de protection correspondantes, se reporter aux informations du point 2.2.1
2.3.3 Décorticage de légumineuses
Le décorticage est un mode de traitement appliqué également à une série de légumineuses cultivées non seulement dans les zones tempérées, mais également dans les régions tropicales. Pois chiches, lentilles et diverses variétés de haricots (selon les régions) arrivent sur le marché décortiqués/fragmentés ou sous forme de farine.
Les émissions de polluants résultant de ces activités et les mesures préventives à prendre sont analogues à celles décrites précédemment au paragraphe 2.1.1
Pour planifier l'implantation d'une industrie alimentaire, on partira du principe qu'il s'agit en général d'exploitations de moyenne ou grande envergure. Dans de tels établissements de traitement en masse où les produits alimentaires sont préparés, fabriqués, transportés, chargés et déchargés ou encore stockés, on tiendra compte des aspects écologiques suivants (pour plus de détails sur les sujets abordés, se reporter aux dossiers environnementaux correspondants):
- Le site doit offrir un bon accès aux voies de communication, puisque les produits bruts et finis transitent en très grandes quantités par ces installations (dossier "Aménagement des transports et communications")
- Lors de la planification d'établissements industriels de grande taille, il est par ailleurs recommandé de prévoir des interfaces mer/terre/mer pour le transport (dossiers "Ports intérieurs", "Ports maritimes - construction et fonctionnement portuaires").
- Les installations fonctionnant jour et nuit, on veillera à respecter des distances suffisantes jusqu'aux prochaines zones résidentielles. Les nuisances liées aux poussières et avant tout au bruit doivent être évitées dans la mesure du possible (dossier "Planification de la localisation des activités industrielles et commerciales").
- L'approvisionnement en énergie devrait être assuré sur le site, de façon à garantir l'exploitation de grandes unités (dossier "Planification du secteur énergétique").
- Pour des raisons de sécurité, il importe par ailleurs de garder une assez grande distance par rapport aux autres établissements industriels, afin d'éviter une multiplication des dégâts en cas d'incidents, tels un incendie ou une explosion de poussières.
- L'approvisionnement en eau et l'évacuation réglementaire des eaux usées sont indispensables (dossier "Aménagement et gestion des ressources en eau", "Assainissement ").
Les critères applicables au choix d'un site industriel (par ex. préservation de surfaces agricoles ou de paysages remarquables) sont également définis dans le dossier "Planification de la localisation des activités industrielles et commerciales".
2.5 Energie fournie par les issues (déchets du décorticage)
Les besoins en énergie des installations de minoterie devraient se situer entre 30 et 70 kWh par tonne de produit obtenu, les rizeries consommant quant à elles 30 kWh. La récupération des balles de riz (env. 20%) comme source d'énergie est recommandée tant pour des raisons économiques que pour des motifs écologiques.
Les effluents gazeux rejetés par les cheminées des installations à vapeur posent un problème environnemental en raison des particules de cendres dont ils sont chargés. Après combustion des déchets, il reste env. 18% de cendres.
Lorsque les enveloppes sont employées à la production de gaz, les opérations de lavage du gaz (séparation des goudrons et poussières) et de refroidissement du réacteur nécessitent de l'eau industrielle. La teneur en phénol de ces eaux usées peut atteindre 1,6 mg/l. Par ailleurs, la cendre restant après pyrolyse devra également être évacuée.
Tous les résidus de la combustion des glumelles pour la production de vapeur devraient être récupérés sous une forme sèche. Après refroidissement et entreposage, la cendre pourra être destinée à un usage agricole ou industriel. Les cendres volantes doivent être éliminées par voie humide au moyen de séparateurs de poussières avant d'être rejetées par les cheminées.
L'évacuation des eaux usées des générateurs de gaz n'est autorisée qu'après neutralisation et élimination des charges solides. Pour la séparation des goudrons, on emploiera des laveurs à venturi et des bassins d'aération (épuration biologique).
Dès la phase de planification de telles installations de production d'énergie, il faudra prévoir les systèmes d'évacuation des cendres, d'épuration des fumées et de traitement des eaux usées dans le sens d'un développement en parallèle industrie/communes.
2.6 Transformation des déchets de nettoyage et des sous-produits des minoteries
Les déchets des minoteries sont habituellement moulus immédiatement au moyen de broyeurs à percussion et récupérés par l'industrie des aliments pour le bétail de même que les autres sous-produits de la meunerie, tels le son, les farines basses et les enveloppes provenant du décorticage.
Cette industrie, souvent associée aux minoteries, produit des aliments concentrés à base de protéines, d'hydrates de carbone, de graisses, de substances minérales et de vitamines, destinés à l'élevage.
Le dégagement de poussières affecte uniquement les postes de réception du commerce rural et des coopératives. Il s'agit d'impuretés sous forme sableuse, qui sont éliminées après arrivage des produits au moyen d'installations de prénettoyage. Ces impuretés peuvent, par ex., être retournées au fournisseur.