40. Cokeries, installations de gazéification du charbon, production et distribution de gaz
Table des matières - Précédente - Suivante
1. Présentation du domaine d'intervention
2. Effets sur l'environnement et mesures de
protection
3. Aspects à inclure dans l'analyse et l'évaluation des effets sur
3.1 Généralités
3.2 Aperçu des valeurs limites et normes
3.3 Appréciation des effets sur l'environnement
4. Interactions avec d'autres domaines
d'intervention
5. Appréciation récapitulative de l'impact sur
l'environnement
6.
Bibliographie
1. Présentation du domaine d'intervention
Le présent dossier relatif à l'environnement traite des technologies de transformation du charbon, à savoir la cokéfaction et la carbonisation à basse température, qui permettent d'obtenir du coke et du gaz ainsi que des goudrons et autres produits destinés à l'industrie chimique.
Les usines correspondantes peuvent être implantées indépendamment des secteurs industriels connexes (cf. dossiers "Planification de la localisation des activités industrielles et commerciales" et "Aménagement du territoire et planification régionale") ou au contraire intégrées à d'autres exploitations dont les activités se rangent en amont ou en aval du processus de transformation.
Ainsi, on aura des installations de transformation du charbon situées à proximité d'une mine de charbon, alors que d'autres seront exploitées au voisinage d'une usine sidérurgique.
Dans le premier cas, le charbon à traiter pourra être acheminé directement vers les installations de conversion . La proximité d'une usine sidérurgique offre elle l'avantage de ne pas avoir à transporter le produit élaboré, c'est-à-dire le coke, sur de longues distances et de pouvoir amener le gaz produit aux consommateurs sans le mettre sous haute pression. Inversement, les gaz de gueulard de l'usine sidérurgique, à faible teneur en soufre, peuvent servir de gaz combustible dans une cokerie.
Lorsque l'installation de transformation du charbon est implantée séparément et qu'elle constitue une unité industrielle distincte, elle requiert la mise en place d'une vaste infrastructure pour le transport, le chargement et le déchargement des matières brutes et produits auxiliaires et des produits élaborés (cf. par ex. Dossiers"Aménagement des transports et communications", "Chemin de fer, installations et exploitation" et "Ports intérieurs").
En outre, le gaz de production doit être comprimé et épuré en vue d'obtenir la qualité "gaz de réseau" avant d'être envoyé au consommateur.
Les procédés de carbonisation et de cokéfaction dont il est question dans ce dossier sont tous basés sur l'échauffement du charbon à l'abri de l'air dans des réacteurs appropriés.
Suivant la température à laquelle se déroule le processus, on distingue
- la carbonisation à basse température (450 - 700 °C)
- la cokéfaction à moyenne température (700 - 900°C)
- la cokéfaction à haute température (plus de 900 °C)
Si ces procédés sont tous basés sur les mêmes principes, chaque régime thermique se caractérise toutefois par des conditions spécifiques et mène à des produits différents, ce qui implique le recours à des réacteurs appropriés.
a) Procédés de carbonisation à basse température
Pour les procédés de carbonisation à basse température, appliqués principalement au lignite, on emploie par ex. des réacteurs à lit fixe, à lit fluidisé ou à lit entraîné.
Le chauffage s'obtient entre autres par:
- utilisation du coke comme caloporteur ou
- apport de chaleur directement dans la charge du four sous la
forme de gaz préchauffés
Le gaz récupéré lors de la carbonisation est refroidi (condensé), débarrassé des goudrons, comprimé et épuré avant d'être livré au consommateur.
Le coke, qui forme le résidu de la carbonisation, est refroidi soit par extinction sous arrosage, soit au moyen de gaz froids, puis il est livré aux consommateurs.
Les procédés de carbonisation à faible température servent essentiellement à produire des goudrons et d'autres matières brutes destinées à l'industrie chimique, ainsi que du gaz de carbonisation. Le coke ainsi obtenu (coke de basse température) ne présente pas les qualités requises pour une utilisation dans les hauts fourneaux. Il faudra donc lui trouver d'autres applications ne nécessitant pas une aussi grande résistance par exemple.
b) Procédés de cokéfaction
Aujourd'hui, la cokéfaction de la houille a lieu dans des fours à chambre horizontaux avec régénérateurs, regroupés en batteries. Selon la nature du charbon et ses propriétés cokéfiantes, on utilisera soit le chargement par gravité, soit le chargement par pilonnage.
Le chauffage des fours à coke se fait indirectement par combustion de gaz de chauffage, la chaleur étant transmise à la charge, c'est-à-dire au charbon enfourné, par les piédroits du four. Comme gaz de chauffage, on peut employer le gaz de production des fours à coke, partiellement épuré, du gaz de gueulard ou des mélanges de gaz combustibles. Même si l'on chauffe entièrement avec du gaz de four à coke, il reste toujours un volume de gaz excédentaire au pouvoir calorifique d'env. 16 000 à 20 000 kJ/m³, que l'on cèdera à d'autres consommateurs après épuration.
Les fours à coke sont desservis par un jeu de machines assurant le chargement, le défournement (guide-coke), le transfert dans les récipients d'extinction (wagon d'extinction ou coke-car) et le transport du coke chaud jusqu'à l'installation d'extinction par voie sèche ou humide.
Le gaz de cokerie est produit par cokéfaction à des températures entre 750 et 900° C et se forme à la surface de la charge. Il transite par les colonnes montantes pourarriver jusqu'au barillet où il est refroidi par circulation d'eau et partiellement condensé, ce qui provoque la précipitation de la majeure partie du goudron brut qu'il contient.
L'étape de traitement suivante consiste en un nouveau refroidissement jusqu'à 25°C, en une élimination des restes de goudron dans des électrofiltres et en une séparation des substances telles que H2S, NH3, HCN, CO2, benzène et naphtalène, obtenue essentiellement par absorption.
Ces substances peuvent ensuite être transformées selon divers procédés, afin d'obtenir par ex.:
- du sulfate d'ammonium, H2S ayant d'abord été
transformé en acide sulfurique
- du soufre Claus avec séparation simultanée de l'ammoniac
- du benzène brut et
- du goudron brut.
Lorsque le gaz de cokerie excédentaire ne peut pas être distribué à basse pression, il subit une étape de compression et d'épuration supplémentaire, avec élimination du H2S, du benzène brut et du naphtalène et abaissement du point de rosée.
Les eaux résiduaires résultant non seulement de la condensation du gaz, mais également de l'élimination de H2S/NH3, où l'eau sert de fluide de lavage, subissent un traitement multiétagé. Il s'agit d'une part d'une distillation dans des dégazeurs (strippage) et d'autre part d'une élimination des phénols par extraction ou par des méthodes biologiques.
Les capacités des cokeries actuelles vont généralement de 6 000 à 10 000 t de charbon par jour, ce qui correspond à une production de coke de 4500 à 7500 t/jour.
Avec de tels débits, les quantités de gaz récupérées varient entre 80 000 et 150 000 m³/h, et les eaux résiduaires engendrées se situent entre 80 et 150 m³/h.
c) Appréciation des procédés
Sur le plan de l'impact des techniques sur l'environnement, la carbonisation à basse température et la cokéfaction peuvent être considérées comme équivalentes.
Du fait des capacités de production des cokeries et de leurs domaines d'application, il est sûr que ces installations retiennent davantage l'attention. Ceci se reflète dans les textes législatifs, directives et arrêtés sur la limitation des émissions, qui se réfèrent principalement aux procédés de cokéfaction. Mais ces réglementations devraient s'appliquer de façon analogue aux installations de carbonisation à basse température.
2. Effets sur l'environnement et mesures de protection
2.1 Effets sur l'environnement
La mise en place et l'exploitation d'installations de cokéfaction ou de carbonisation à basse température du charbon sur de nouveaux sites non industrialisés s'accompagnent d'une altération du paysage et d'une consommation d'espace dont l'ampleur dépend de la taille des établissements projetés.
Outre les répercussions potentielles des émissions, on examinera également les effets des prélèvements d'eau sur les écosystèmes locaux. En effet, l'appoint en eau s'avère indispensable à différentes étapes du processus, les besoins étant de l'ordre de 200 à 500 m³/h au total (cf. dossiers "Aménagement et gestion des ressources en eau", "Adduction et distribution d'eau en milieu urbain" et "Alimentation en eau des régions rurales").
Les batteries de fours à coke notamment constituent une source d'émissions concentrées en des points définis (cheminées d'évacuation des gaz), mais aussi d'émissions diffuses, par ex. lorsque les organes d'obturation ne sont pas parfaitement étanches ou que la maçonnerie des fours à coke présente des fissures.
Au titre des émissions les plus significatives, il convient de mentionner:
a) Comme polluants atmosphériques
- Les matières en suspension telles que les poussières de
charbon et de coke
- Les effluents gazeux et les vapeurs tels que
b) Comme polluants des eaux résiduaires
- Différents composés de l'azote
- Phosphore
- Demande biochimique et biologique en oxygène
- Phénols
- Hydrocarbures aromatiques polycycliques
- Cyanures
- Sulfures
- BTX
- Somme de tous les polluants, avec par ex. leur toxicité
globale pour les poissons
c) Emissions sonores
Au sein d'une cokerie, les émissions de bruit proviennent de nombreux postes de travail, chaque groupe moteur d'une unité fonctionnelle constituant une source sonore.
Les équipements de mélange, de concassage et de criblage du charbon et du coke, ainsi que les appareils de compression du gaz sont particulièrement bruyants et nécessitent la mise en oeuvre de dispositifs d'insonorisation. Sans protection acoustique adaptée, les différentes sources de bruit peuvent facilement dépasser 85 dB(A).
On respectera les valeurs limites définies pour les émissions et les nuisances sonores à proximité des sources de bruit ainsi qu'au voisinage des installations, afin de prévenir les effets pathologiques du bruit sur les personnes exposées.
d) Sol et nappe phréatique
Le potentiel de risque d'une installation de ce type pour le sol et la nappe phréatique relève du stockage et du chargement des produits de la cokerie, à savoir le goudron brut, le benzène brut et l'acide sulfurique et de la manipulation de produits chimiques utilisés comme adjuvants dans le processus.
Les effets sur l'environnement sont dus en premier lieu aux émissions qui se diffusent aux abords de l'usine et peuvent être préjudiciables à l'homme et à la nature. Outre ces nuisances enregistrées au voisinage des établissements, il faut également tenir compte des concentrations en substances nocives régnant directement à la source, c'est-à-dire aux postes de travail. Pour la protection du personnel, ces concentrations sont soumises à des réglementations basées sur les notions de concentrations maximales admissibles (MAK) dans les ambiances professionnelles et de teneurs limites normales à respecter en continu (TRK).
L'emploi et la manipulation non conforme de substances à risques peut mener à la contamination des sols et de la nappe phréatique. Les charges polluantes des eaux usées peuvent être toxiques (toxicité en tant que paramètre de pollution globale), altérer le goût de l'eau (phénols) ou amener un excès de matières fertilisantes et donc une consommation accrue d'oxygène (azote, phosphore).
D'une manière plus générale, on notera par ailleurs que l'implantation et l'exploitation d'une usine de transformation du charbon a des répercussions sur les conditions de vie de certains groupes de population. On étudiera donc également les aspects socio-économiques et socio-culturels d'un tel projet.
Dans les cokeries, la protection de l'environnement et la sécurité du travail font l'objet d'une réglementation législative. En Allemagne par ex. cette réglementation est constituée par les Instructions Techniques pour le maintien de la pureté de l'air "TA-Luft", par l'arrêté sur les substances dangereuses ou encore la loi sur la gestion de l'eau.
Certaines lois ayant été révisées et comportant dorénavant des exigences beaucoup plus sévères, de nouvelles techniques ont été mises en oeuvre dans les usines de transformation du charbon de façon à lutter plus efficacement contre la pollution.
Dans le cadre de cette évolution, il convient de citer le développement et la diffusion de fours à coke de grandes dimensions, qui ont l'avantage de réduire sensiblement le nombre des enfournements/défournements (de 80% env.) ainsi que la longueur des surfaces d'étanchéité à nettoyer (réduction d'env. 65%) par rapport à une batterie de plusieurs fours offrant la même capacité. Dans les cokeries de construction récente, les émissions ont été réduites grâce aux mesures suivantes:
a) Traitement du charbon, comprenant les opérations de déchargement, stockage, conditionnement (mélange, broyage fin) et transport
- Montage d'installations d'arrosage stationnaires au-dessus
des aires de stockage du charbon pour humidifier les produits,
aménagement des installations en fonction des facteurs
climatiques locaux ;
- Limitation maximum des hauteurs de déversement des
appareils de manutention et de reprise mobiles ;
- Emploi de bandes transporteuses mises sous caisson ;
- Installation de systèmes de dépoussiérage aux
stations de broyage et de mélange ainsi que sur les silos de
produits pulvérulents.
b) Marche des batteries de fours à coke
- Captation des gaz dégagés à l'enfournement, qui
sont mélangés au gaz brut par deux voies différentes, par ex.
en passant dans la cellule voisine par des mini colonnes
montantes et en s'élevant dans la colonne montante pour
s'accumuler dans le barillet ;
- Captation des gaz d'enfournement au moyen de dispositifs
d'aspiration fixes ou mobiles avec postcombustion et dépoussiérage
des fumées ;
- Nettoyage mécanique des capots et des cadres des orifices
de chargement ainsi qu'arrosage après chaque remplissage ;
- Nettoyage mécanique (aspiration) de la voûte du
four ;
- Nettoyage mécanique des colonnes montantes, montage de
joints hydrauliques sur les obturateurs des colonnes montantes ;
- Installation de dispositifs de nettoyage mécanique pour
les cadres des portes des fours et des compartiments des
machines desservant les fours à coke ;
- Captation et épuration des émissions au moment de la dépose
des portes du four
- Recours à des wagons d'entretien des portes spéciaux ;
- Mise en place de systèmes de portes hautement étanches
avec aménagement de conduits de décompression afin d'éviter
les pressions excessives au niveau des joints d'étanchéité ;
- Montage de hottes aspirantes pour les dispositifs de
nettoyage des portes et des cadres ;
- Aspiration des émissions dues à des fuites au
niveau des portes du four. Acheminement de l'air aspiré vers
l'air de combustion des batteries du four ;
- Utilisation de gaz combustibles à teneur en soufre
maintenue en dessous de 0,8 g S/m³ afin de limiter les
émissions de SO2.
- Réduction des émissions de NOx
liées au chauffage du four, par alimentation d'air en plusieurs
étapes et remise en circuit interne/externe des gaz de
fumées ;
- Emploi de matériau (pierres réfractaires) à très bonne
conductibilité thermique pour les parois chauffantes ;
- Captation et épuration des émissions au cours
du défournement du coke.
c) Refroidissement du coke
- Mise en oeuvre de la technique de refroidissement à sec du coke, comprenant notamment:
humidification du coke séché à froid afin de limiter les dégagements de poussière lors des transferts
Dépoussiérage du poste de transfert du coke
Dépoussiérage du gaz excédentaire au moyen de filtres à manches
Génération de gaz inerte en remplacement du gaz de
refroidissement, sur la base de gaz pauvre en soufre
- Mise en oeuvre de mesures de réduction des émissions en cas
d'extinction par voie humide, consistant par ex. à doter les
tours d'extinction de chicanes.
d) Traitement du coke
- Mise en place d'installations de transport du coke en
construction fermée ;
- Exécution de la station de criblage du coke en version fermée
;
- Captation et épuration des poussières émises, par ex. sur
les silos de préstockage, les lignes de criblage, les broyeurs,
les bandes de transfert, etc. ;
- Installations d'humidification du coke en aval du
refroidissement par voie sèche, afin de limiter les dégagements
de poussières aux points de transfert du coke.
e) Ateliers de traitement des gaz et des produits du charbon
- Emploi de systèmes/de joints d'étanchéité efficaces pour
les pompes, les appareils de robinetterie et les brides ;
- Montage de reniflards sur les réservoirs, les joints
hydrauliques etc., et renvoi des vapeurs vers la conduite
d'aspiration du gaz brut ;
- Conduite des unités Claus avec récupération des effluents
gazeux qui vont rejoindre le gaz brut ;
- Conduite d'installations de production de H2SO4
avec dispositif de filtrage des effluents gazeux et unités de
lavage des gaz pour réduire le plus possible les émissions de
SO2/SO3.
f) Traitement des eaux usées (à ce sujet, voir également les dossiers "Assainissement " et "Constructions mécaniques, ateliers, chantiers navals")
- Installations de strippage en amont avec addition d'alcalis
(par ex. soude caustique) en vue de la réduction des charges de
composés d'ammonium fixes dans les eaux de procédé de la
cokerie ;
- Mise en place de postes de traitement des eaux usées à
plusieurs étages biologiques, y compris étage de
nitrification/dénitrification pour l'élimination de composés
de l'azote dans les eaux résiduaires de la cokerie.
g) Protection des sols et des cours d'eaux
- Séparation du système d'évacuation des eaux provenant des
toitures et des routes de celui des installations de traitement
de gaz et des produits du charbon ;
- Installation dans des cuvelages de tous les réservoirs et
appareillages fonctionnant avec des substances à risques ;
montage de collecteurs dirigeant les eaux vers le poste
d'épuration biologique par ex. ;
- Montage des citernes de façon à pouvoir en surveiller le
fond, par ex. sur des semelles filantes, mise en place de
protections contre le surremplissage ;
- Utilisation de matériaux adaptés et protection externe contre
la corrosion, de façon à améliorer notablement la
disponibilité des composants de l'installation ;
h) Lutte contre le bruit
- Mesures de lutte à la source, par ex. encoffrement de
machines, de pompes, etc. ;
- Mesures d'insonorisation des locaux: construction massive,
doubles cloisons, recours à des dispositifs antivibration, à
des revêtements absorbants;
- Aménagement d'écrans acoustiques ;
- Essais individuels pour chaque source sonore, quant aux
nuisances sur le lieu de travail et aux émergences au voisinage
des installations.
Les mesures anti-pollution énumérées aux points a) à h) sont déjà éprouvées et mises en pratique sur les installations modernes.
Lors de la mise en place d'une nouvelle cokerie, les coûts imputables à la protection de l'environnement représentent env. 30 à 40% de l'investissement total.
La sécurité de fonctionnement et la disponibilité des systèmes relevant de la protection de l'environnement dépendent de la qualification du personnel servant, comme pour tout le reste des installations d'ailleurs. Le personnel devra donc bénéficier d'une bonne formation et initiation pour être en mesure de conduire les installations dans les règles de l'art.
3. Aspects à inclure dans l'analyse et l'évaluation des effets sur l'environnement
Si l'on veut apprécier les effets nuisibles des émissions d'une cokerie, il faut tenir compte de nombreux facteurs, dont certains sont difficiles à cerner:
- Niveau de pollution initial, provenant d'autres sources,
- Influences climatiques, notamment diffusion par le vent,
- Capacité d'accumulation des écosystèmes environnants.
Sur le plan qualitatif, il est établi que le benzène, le toluène et le xylène, ainsi que le benzo(a)pyrène ont des effets carcinogènes sur les hommes et les animaux et que les émissions de poussière et certains gaz peuvent provoquer des affections des voies respiratoires.
Etant donné que les batteries de fours à coke comportent, outre les sources ponctuelles, des sources d'émission diffuses, la définition de valeurs limites admissibles se heurte à des difficultés. C'est ainsi que les textes des Instructions techniques pour le maintien de la pureté de l'air "TA-Luft" fournissent bien des concentrations maximales admissibles dans les effluents gazeux apparaissant en des points précis des installations, alors que, pour d'autres domaines, les prescriptions se limitent à définir les mesures techniques devant être mises en oeuvre lors de l'implantation des équipements.
Les valeurs limites d'émission ne sont donc définies que pour une partie des rejets.
A ces valeurs limites pour les rejets viennent s'ajouter les seuils maximums de concentration de polluants qui sont applicables à l'atmosphère régnant dans les ateliers ou à l'ambiance des postes de travail (valeurs MAK-TRK). Ces prescriptions contribuent, quant bien même de façon indirecte, à limiter et à contrôler les émissions provenant de sources diffuses.
3.2 Aperçu des valeurs limites et normes
Parallèlement à la loi fédérale sur les nuisances en tant que texte fondamental, les installations de transformation du charbon sont soumises en Allemagne aux directives et réglementations suivantes:
- "TA-Luft", Instructions Techniques pour le
maintien de la pureté de l'air du 27/02/1986
- Valeur limites pour les charges polluantes dans les eaux usées
de cokerie, selon la loi sur la gestion de l'eau, art. 7a.
- Valeurs limites selon les Instructions Techniques
"TA-Lärm" pour la protection contre le bruit de
juillet 1984 (5ème révision)
- Arrêté sur les substances dangereuses.
Les autres réglementations à prendre en compte dans l'étude des installations sont mentionnées au chapitre 6.
Les valeurs limites actuellement en vigueur pour les émissions et les nuisances ainsi que les concentrations maximales admissibles en ambiance professionnelle (MAK) et les valeurs moyennes à respecter en continu (TRK) sont regroupées dans les tableaux 1.1, 1.2, 3 et 4.
Il convient de remarquer ici que les exigences peuvent être plus sévères dans certains cas selon le niveau de pollution initial du site.
Les tableaux insérés ci-après font apparaître les correspondances entre les normes allemandes et les valeurs limites fixées par les autres pays industriels européens (valeurs regroupées). On peut constater que, dans l'ensemble, les exigences sont plus sévères en Allemagne, hormis quelques valeurs isolées applicables à un pays donné, spécifié alors dans la colonne "Remarques".
Tableau 1.1
Valeurs limites d'émissions selon "TA-Luft" (Instructions Techniques pour le maintien de la pureté de l'air)
Polluant | Débit massique | Valeurs limites en vigueur en Allemagne | Prescriptions européennes à titre de comparaison | Remarques |
Poussière | > 0,5 kg de pous./h < 0,5 kg de pous./h | 50 mg/m³ 150 mg/m³ | 50-115 mg/m³, (94 mg/m³ 150 mg/m³ | |
Nox (ind. en NO2) | > 5 kg NO2/h | 0,5 g/m³ | 0,35 - 0,8 g/m³, (0,55 g/m³ | 0,35 pour la Belgique |
SO2 | > 5 kg SO2/h | 0,5 g/m³ | 0,5-0,8 g/m³, (0,6 g/m³ La charge peut également être limitée à 10.000 à 12.000 t/a | |
H2S | > 50 g H2S/h | 5 mg/m³ | 5 mg/m³ | |
HCN | > 50 g HCN/h | 5 mg/m³ | 5 mg/m³ | |
C6H6 | > 25 g benzène/h | 5 mg/m³ | 5 mg/m³ | |
Benzo(a)pyrène | > 0,5 g/h | 0,1 mg/m³ | valeur limite non définie |
Tableau 1.2:
Valeurs limites d'émission pour les effluents gazeux (ou l'air extrait épuré) de cokeries
Source d'émission | Polluant et débit massique | Valeurs limites en vigueur en Allemagne | Prescriptions européennes (à titre de comparaison) | Remarques |
Préparation du charbon | Poussières | 50 mg/m³ | 100 mg/m³ | |
Séchage du charbon et inst. de préchauffage | Poussières | 100 mg/m³ | 115 mg/m³ | |
Criblage du coke | Poussières | 50 mg/m³ | ||
Enfournement du charbon (chargement du four) | Poussières HAP pour débit massique > 0,5g/h |
25 mg/m³ 0,1 mg/m³ |
15 -
230 mg/m³, (92 mg/m³ 0,1 mg/m³, la charge peut aussi être limitée à 2 kg/jour |
15 = valeur spécifique aux Pays Bas |
Défournement du coke | Poussières | 5 g/t de coke | 5 - 115
mg/m³, (46 mg/m³ ou 5 g/t de coke |
|
Installations de refroidissement du coke par voie sèche | Poussières | 20 mg/m³ | 20 mg/m³ | |
Installations d'extinction du coke par arrosage | Poussières | 50 g/t de coke | 50 - 800
mg/m³, (330 mg/m³ ou 80 g/t de coke |
|
Cheminée d'évacuation des fumées des batteries de fours à coke (nouvelles installations) | NOx,
indiqué en NO2 SO2 CO Poussières |
0,5 g/m³ 0,8 g de soufre dans gaz UF 0,2 g/m³ 10 mg/m³ |
0,2 -
0,8 g/m³, (0,53 mg/m³ 0,5 - 1,7 g de soufre dans gaz UF (9 g de soufre dans gaz UF ou 0,5 g H2S dans gaz UF 100 - 200 mg/m³, (130 mg/m³ |
0,2 =
valeur spéc. aux Pays-Bas 0,5 = valeur spéc. à l'Espagne |
Cheminées d'évacuation des fumées d'installations de production annexes (nouvelles installations) | Poussières CO NOx SO3 (inst. à H2SO4) SO2 (inst. H2SO4) H2S (inst. Claus) Capacité de production < 20 t/S/jour Capacité de production 20 - 50 t S/jour Capacité de production > 50 t S/jour |
60 mg/m³ conversion SO2 -> SO2 > 97,5%ou 2500 mg/m³ 10 mg/m³ 3% 2% 0,5 % |
50 mg/m³ 200
mg/m³(0,1 - 0,35 g/m³, (0,225 g/m³ 60 - 10 mg/m³, (70
mg/m³ 500 - 3000 mg/m³, 1750 mg/m³ 10 mg/m³ 3% 2% 0,5% |
500 =
valeur spéc. à l'Autriche |
Tableau 2
Exigences de qualité minimum applicables aux eaux de cokeries en cas de rejets directs - "Rahmen-Abwasser VwV", annexe 46 (projet août 1990)
Paramètres
Somme de
NH4-N 40 mg/l
NO2
NO3-N
Phosphore 2 mg/l
DBO5 30 mg/l
Substances filtrables 50 mg/l
DCO 200 mg/l
Indice phénols 0,5 mg/l
HAP 0,1 mg/l
BTX 0,1 mg/l
Cyanures 0,1 mg/l
Sulfure 0,1 mg/l
Toxicité pour les poissons 4 (coefficient de dilution)
Nota: Ces valeurs limites s'appliquent à des eaux de cokerie non diluées pour un débit d'eaux usées spécifique de 0,300 m³/t de charbon.
Dans le cas de cokeries comprenant le traitement HP du gaz ainsi que la collecte et la récupération des eaux de pluies contaminées ou des étages de procédé complémentaires, le débit spécifique d'eaux usées peut être ajusté jusqu'à 0,42 m³/t de charbon.
Tableau 3
Valeurs de référence pour les nuisances sonores (juillet 1984)
Les valeurs maximales d'émergence sont fixées à
a) 70 dB(A) | pour les zones purement industrielles ou artisanales avec logements de fonction pour le personnel de surveillance et assurant des permanences | |
b) 65 dB(A) | le jour | pour les zones à prédominance artisanale |
50 dB(A) | la nuit | (ateliers) |
c) 60 dB(A) | le jour | pour les zones comportant à parts égales |
45 dB(A) | la nuit | ateliers et logements |
d) 50 dB(A) | le jour | pour les zones à prédominance résidentielle |
40 dB(A) | la nuit | |
e) 50 dB(A) | le jour | pour les zones à caractère purement |
35 dB(A) | la nuit | résidentiel |
f) 45 dB(A) | le jour | pour les stations thermales ou climatiques, |
35 dB(A) | la nuit | les hôpitaux et centres de soins |
g) 40 dB(A) | le jour | pour les logements attenant aux bâtiments de |
30 dB(A) | la nuit | l'usine |
Commentaires
- La conception acoustique d'une installation et les calculs
prévisionnels nécessaires s'articulent autour des algorithmes
commentés dans la directive 2714 (E) du VDI (association
d'ingénieurs allemand) portant sur la diffusion du son à l'air
libre et la directive 2571 portant sur la réverbération du son
dans les locaux industriels.
- Si les valeurs de référence citées précédemment venaient
à être dépassées en raison de bruits étrangers aux
activités ou faussées au point de ne plus permettre de mesure
précise, on appliquera des indices de correction tels que ceux
établis dans les textes des Instructions techniques pour la
protection contre le bruit "TA-Lärm". S'il s'avère
impossible de procéder à des mesurages, on effectuera des
calculs de propagation des sons.
- La nuit est définie comme une période de 8 heures débutant
à 22 h et se terminant à 6 h.
- En ce qui concerne les nuisances sonores en ambiance
professionnelle, la réglementation est complétée par
l'arrêté sur les établissements de travail - art. 15 relatif
à la lutte contre le bruit.
(1) Le niveau sonore régnant sur les lieux de travail est à limiter autant que les activités le permettent. Compte-tenu également des bruits parvenant de l'extérieur dans les locaux il ne devra pas dépasser:
(2) Dans les salles de permanence, de repos et les locaux d'infirmerie, le niveau acoustique maximum autorisé se situe à 55 dB(A). Pour la définition d'un niveau acoustique, on tiendra compte uniquement des bruits des équipements se trouvant dans les locaux et des bruits y parvenant de l'extérieur.
Tableau 4
Concentrations maximales admissibles en ambiance professionnelle (MAK) et valeurs moyennes à respecter en continu (TRK)
Substance polluante | Concentration max. admissible en vigueur en Allemagne | Prescriptions européennes ) | Remarques |
Poussière | 6 mg/m³ | 10 - 15 mg/m³, (11 mg/m³ | |
NOx (indiqué en NO2) | 9 mg/m³ | 4 - 6 mg/m³, (5,3 mg/m³ 30 mg/m³ NO | |
SO2 | 5 mg/m³ | 1,5 - 5 mg/m³, (4,7 mg/m³ | 1,5 = valeur spécifi- que à l'Espagne |
CO | 33 mg/m³ | 29 - 57 mg/m³, (45 mg/m³ | 29 = valeur spécifique aux Pays-Bas |
Benzène | 16 4) mg/m³ | 3 -32 mg/m³ | 3 = valeur spécifique à la Suède |
Toluène | 375 mg/m³ | 375 mg/m³ | |
Xylène | 440 mg/m³ | 425 - 435 mg/m³, (430 mg/m³ | |
Benzo(a)pyrène | 2 - 5 ) mg/m³ ) | 2 - 5 µg/m³ | |
H2S | 15 mg/m³ | 14 - 15 mg/m³ | |
HCN | 11 mg/m³ | 10 - 11 mg/m³ | |
NH3 | 35 mg/m³ | 17 - 18 mg/m³ | |
Phénol | 19 mg/m³ | 19 mg/m³ | |
Mercaptans | 1 mg/m³ | 1 mg/m³ | |
Biphényle | 1 mg/m³ | 1 - 1,5 mg/m³ | |
Disulfure de carbone | 30 mg/m³ | 30 mg/m³ | |
Naphtalène | 50 mg/m³ | 50 mg/m³ |
Remarques: Dans cette liste figurent les principales substances spécifiques aux activités des cokeries. Les métaux lourds et autres matières analogues ne figurent pas dans le tableau. Les concentrations aux postes de travail sont des valeurs moyennes calculées sur un poste de 8 h.
On procèdera à des mesures de contrôle des taux limites d'émission et de l'efficacité des installations d'épuration des effluents gazeux.
Après la mise en service, on vérifiera si les chiffres admis dans le cadre de l'étude des installations correspondent bien aux conditions effectives de marche, les mesures devant être du ressort d'organismes indépendants, de services publics etc., et devant se faire conformément aux directives en vigueur.
On trouvera dans les textes des Instructions Techniques "TA-Luft" et les directives du VDI des descriptions détaillées quant à la manière de procéder aux mesures des émissions et des nuisances.
3.3 Appréciation des effets sur l'environnement
Les valeurs limites d'émission mentionnées plus haut peuvent être respectées, à condition de mettre en oeuvre les mesures préventives présentées au point 2.2.
Par rapport à d'anciennes installations, on évalue la réduction des émissions aux chiffres suivants: (pour la cokerie dans son ensemble, y compris les sources d'émission diffuses)
SO2 | réduction de | 20 à 40 % |
NOx | de | 20 à 40% |
CO | de | 30 à 35% |
BTX | de | plus de 95% |
Poussières | de | d'env. 50% |
Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP | de | d'env. 90% |
Benzo(a)pyrène | de | d'env. 90% |
En outre, les émissions suivantes peuvent être entièrement évitées si l'on remplace les installations d'extinction par voie humide par des systèmes de séchage par voie sèche:
- H2S jusqu'à 80 g/t de coke, équivalent à 160 t
H2S par an pour une production annuelle de coke de 2
millions de tonnes
- NH3 jusqu'à 15 g/t de coke, équivalent à 30 t NH3
par an.