2. Effets sur l'environnement et mesures de protection
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2.1 Généralités
Les effets environnementaux liés à l'adduction et à la distribution d'eau en milieu urbain portent sur deux aspects qui sont le volume utile et la qualité de l'eau.
Dans de nombreux pays, en particulier dans les régions caractérisées par une forte fluctuation des conditions climatiques, le problème des disponibilités en eau joue un rôle prioritaire et passe donc avant la qualité.
En fonction des éléments de l'adduction et de la distribution d'eau en milieu urbain, on peut faire la distinction entre les catégories d'effets suivants :
- effets du captage de l'eau,
- effets du transport ou du traitement de l'eau brute,
- effets de la distribution par canalisations.
Par ailleurs, il faut noter un impact secondaire, à savoir :
- les effets récurrents des réseaux urbains d'adduction et de distribution d'eau en milieu urbain.
2.2 Captage de l'eau
2.2.1 Eaux souterraines
Le captage des eaux souterraines va entraîner une modification du bilan hydrologique de la nappe aquifère qui peut avoir des effets indirects extrêmement nombreux. Ce bilan est constitué par :
- les composantes de charge (reconstitution des nappes souterraines par les précipitations et les eaux de surface, apports souterrains d'aquifères voisins, infiltration artificielle) ;
- les composantes de décharge (écoulements dans les eaux de surface, drainages, prélèvements d'eau, etc.).
Il est essentiel de noter que les captages d'eau peuvent modifier durablement les composantes du bilan à cause du couplage hydraulique (exemple : augmentation de la charge provenant des nappes aquifères voisines).
De plus, il faut tenir compte d'une interaction entre la disponibilité et l'utilisation des eaux souterraines et eaux de surface. Ainsi, une augmentation de la consommation d'eau de surface peut entraîner une diminution de l'infiltration dans le sous-sol, et les quantités résiduelles d'eaux de surface pourront être proportionnellement plus polluées. Ceci peut entraîner la nécessité d'un recours accru aux ressources en eaux souterraines (2.2.2).
Une modification de ces composantes du bilan peut avoir les effets divers suivants sur l'environnement :
a) Consommation des ressources en eaux souterraines
L'augmentation de la consommation des eaux souterraines est due :
- à l'accroissement de la consommation d'eau potable pour des raisons de croissance démographique et d'amélioration du niveau d'équipement,
- à l'intensification de l'élevage,
- à l'augmentation des besoins d'eau à usage industriel (industries et commerces),
- au gaspillage,
- à des pertes d'eau aux points défectueux des réseaux de distribution.
Il importe, en outre de tenir compte des influences entraînant une diminution temporaire ou permanente des ressources en eaux souterraines, par exemple par suite d'une régression des précipitations dans les bassins d'alimentation des nappes souterraines (déboisement, désertification). On notera par ailleurs que, traditionnellement, les systèmes d'adduction et de distribution d'eau en milieu urbain sont conçus de manière à répondre à des pointes de consommation qui se produisent souvent en saison sèche. Le niveau élevé de consommation en période sèche et les pertes parfois immenses subies par les réseaux de canalisations (sans garantie de retour à la nappe phréatique) entraînent un captage saisonnier de très grandes quantités d'eaux souterraines.
b) Modification à long terme de la qualité des eaux souterraines
Celle-ci peut être due :
- à la mobilisation (lessivage) puis à la diffusion de matières polluantes ;
- à l'augmentation de la vitesse d'écoulement (par exemple dans les gisements géogènes de gypse, dans les accumulations anthropogènes de polluants) ;
- à la modification du courant dans les eaux souterraines (déviation de sédiments qui s'écoulaient sans causer de dommage antérieurement, infiltration d'eaux de surface contaminées) ;
- à des infiltrations à grande échelle provenant de nappes phréatiques inférieures ou supérieures ayant une eau de moins bonne qualité ;
- à l'apport de polluants provenant d'engrais et pesticides ;
- à la pénétration d'eau salée dans les formations aquifères en bordure du littoral ;
- à la dégradation de la qualité des eaux souterraines par infiltration d'effluents non épurés provenant de fossés routiers ouverts et non étanches ou de conduites d'eaux usées non étanches ainsi que de fosses d'épuration mal réalisées, ou encore par infiltration de polluants et de substances toxiques émanant de déchets liquides produits par des entreprises artisanales, commerciales et industrielles ;
- à la concentration de matières minérales provenant de bassins d'irrigation, à cause d'une forte évaporation dans les zones arides ou semi-arides, suivie d'une pénétration dans les eaux souterraines par lessivage périodique ;
- aux fuites de polluants dans des réservoirs et circuits de transport de produits liquides et minéraux.
c) Rabattements locaux ou étendus des nappes d'eaux souterraines
Pour des raisons hydrauliques, les baisses de niveau sont inévitables lorsque les captages ont lieu dans les nappes phréatiques. Toutefois, leur ampleur et leur extension dépendent des spécificités locales : emplacement des puits, structure et nature de la formation aquifère, conditions de rechargement. Les effets récurrents caractéristiques de ces rabattements sont :
- l'assèchement de zones humides ou submergées, importantes sur le plan écologique,
- la diminution de l'humidité des sols (capacité au champ), suivie d'effets spécifiques sur les différentes espèces végétales (modification de la flore naturelle et cultivée, par exemple désertification) et d'effets indirects sur le cheptel,
- l'épuisement des ressources en eaux souterraines dans les périodes de sécheresse prolongée (assèchement des puits),
- le tarissement de sources et cours d'eau,
- les tassements.
Les effets environnementaux de ces rabattements des formations aquifères sont en règle générale moins importants lorsque la surface d'eau de la nappe souterraine est située à plus grande profondeur avant la mise en exploitation (> 10 mm).
Les mesures de protection de l'environnement visant à minimiser les effets négatifs du captage d'eaux souterraines concernent en premier lieu le choix des sites ainsi que les modes d'aménagement et de fonctionnement des puits. De plus, il est possible d'atténuer ou de supprimer les effets négatifs de prélèvements trop importants (rabattements trop importants des nappes souterraines) en optimalisant l'utilisation de l'eau, en gérant la consommation en fonction des saisons (saison des pluies/saison sèche) et en adoptant des systèmes de tarification et de taxation en fonction de la consommation.
Pour accroître l'efficacité des mesures environnementales prises dans ce domaine des "effets du captage des eaux souterraines", il faut compléter les investigations hydrogéologiques préliminaires et l'évaluation du bilan hydrologique global (eaux souterraines et de surface) par la mise en place d'équipements permanents de mesure et de contrôle servant :
- à améliorer en permanence les évaluations et conclusions en matière d'hygiène et d'hydrogéologie,
- à surveiller la variation des réserves d'eaux souterraines (quantité et qualité) par un contrôle continu des niveaux, de la qualité et des prélèvements,
- à observer en permanence tous les gaspillages et les pertes d'eau dans les réseaux de canalisations au moyen de dispositifs de mesure permanents (consommation par zones, consommation aux bornes fontaines et branchements domestiques), et à prendre les mesures qui s'imposent pour les éliminer (réparation rapide des défauts, tarification, sanctions en cas de gaspillage),
- à mettre en oeuvre des restrictions dans la répartition de l'eau en fonction d'intérêts concurrents afin de garantir l'approvisionnement en eau potable des populations (approvisionnement d'urgence),
- à lancer des actions de réhabilitation sur des parties des réseaux de distribution (remplacement de canalisations défectueuses et de tuyaux de branchement, de robinets défaillants, de réservoirs qui débordent et de citernes domestiques), sur la base de contrôles permanents et de données et informations collectées et analysées de manière systématique,
- à démontrer l'efficacité des actions de réhabilitation, au moyen de contrôles des résultats.
2.2.2 Eaux de surface
Comme pour les eaux souterraines, l'utilisation d'eaux de surface va provoquer une modification du bilan hydrologique qui peut avoir de nombreux effets récurrents. Il importe, en particulier, de tenir compte des influences réciproques entre les disponibilités et l'utilisation des eaux de surface et des eaux souterraines. De plus, les facteurs suivants jouent un rôle important :
- Dans certaines régions, il est possible que les disponibilités en eaux de surface augmentent, par exemple par suite du changement du (micro)-climat (hausse des précipitations en raison de l'influence de retenues artificielles), de l'accroissement du ruissellement dû aux transformations de la végétation dans le bassin versant des eaux de surface (déboisement), ou encore de travaux de construction (routes, bâtiments) entraînant aussi une augmentation du ruissellement, et du rejet d'effluents (épurés) dans les eaux de surface par les communes.
- Dans d'autres régions, le changement de climat peut provoquer une baisse des précipitations et réduire les débits de ruissellement, ce qui entraîne une dégradation de la situation dans les pays où les disponibilités en eaux de surface ne sont de toute façon pas garanties durant toute l'année.
- Dans de nombreuses zones, l'intensification des prélèvements dans les cours d'eau va faire diminuer les disponibilités en eau, en particulier dans les périodes d'étiage : la capacité d'auto-épuration des eaux et les infiltrations dans le sous-sol vont décroître dans le même temps.
- Si la quantité d'eau disponible dans les cours et plans d'eau diminue tandis que les besoins en eau s'accroissent, et si, en même temps, la qualité de l'eau se dégrade, on sera souvent obligé d'avoir recours à de l'eau provenant d'autres bassins ou de couvrir les besoins à partir de réserves souterraines plus ou moins abondantes. Certains cas limites peuvent déboucher sur des situations d'urgence, dans lesquelles les besoins humains minimum ne peuvent être garantis qu'à un coût élevé.
a) Consommation des eaux de surface
Les facteurs de besoin énumérés au paragraphe 2.2.1 peuvent entraîner un accroissement de la consommation des eaux de surface. De même, les changements climatiques et modifications de la couverture végétale du bassin versant jouent un rôle important car ils peuvent, dans certaines zones, provoquer une diminution des quantités d'eaux de surface disponibles ou une mauvaise répartition des débits dans le temps (augmentation des débits de crue s'accompagnant d'un accroissement des charriages, diminution des débits d'étiage).
Pour contrôler les débits, les réserves et les quantités prélevées, on ne dispose souvent ni d'un réseau suffisant de stations de mesure (précipitations) à l'intérieur des bassins versants et en certains points des cours d'eau (niveau), ni du personnel capable d'interpréter les mesures, de surveiller l'utilisation pluridisciplinaire des ressources de surface et d'établir des bilans hydrologiques (eaux souterraines et de surface) et des plans de gestion des eaux.
b) Modification des écosystèmes par les prélèvements d'eau
Les diminutions relativement importantes des débits, en particulier en périodes d'étiage, peuvent avoir des conséquences sur tous les processus écologiques dans l'eau comme sur les rives. Des biotopes précieux sur le plan paysager et écologique peuvent être perturbés ou totalement détruits. La stabilité écologique, qui se caractérise par une diversité équilibrée d'espèces animales et végétales, risque d'être bouleversée. Toutefois, ces effets ne se produisent que si les prélèvements d'eau sont considérables par rapport au débit total, et donc si les besoins minima en eau d'un écosystème ne sont plus garantis. De plus, ces effets ne portent généralement pas sur toute une zone, mais uniquement sur des secteurs limités (bandes de rives, vallées inondables, en fonction de la topographie).
c) Apport de matières dangereuses, inconnues ou non décelées, dans les réseaux de distribution d'eau
L'utilisation d'eaux de surface à des fins d'alimentation en eau est d'abord un problème de qualité. Dans les installations de traitement correctement conçues, des dispositifs de surveillance adaptés assurent une alimentation sans risque du réseau. Pourtant, le risque d'effets sanitaires et hygiéniques existe lorsque l'eau entraîne des polluants qui ne sont pas détectés, par exemple à la suite d'un rejet de matières inconnues dans le cours d'eau. Ce type de pollution peut se produire après un rejet ponctuel de matières nocives (par exemple déversement de substances toxiques) dans des eaux usées relativement peu dangereuses en temps normal. Un autre risque réside dans le fait que les composants des effluents peuvent échapper aux dispositifs de contrôle et de surveillance étant donné qu'ils sont difficiles à déterminer. Parmi ces matières difficilement décelables, on peut trouver toute une gamme de solvants industriels, considérés comme cancérigènes à des concentrations extrêmement faibles et en cas d'absorption continue par l'homme. Lorsque ce risque existe, les zones de protection doivent être conformes à des règles particulières et être contrôlées de manière spécifique. Il importe, en outre, d'introduire progressivement des dispositifs de mesure à capteur, afin de permettre une alerte précoce et de prévoir une interdiction de prélèvement.
Le captage des eaux de surface doit s'effectuer en respectant les précautions suivantes :
- Adoption de systèmes adaptés de mesure et de contrôle, permettant de surveiller les niveaux d'eau, les débits, les charriages de solides, de sable et de matières en suspension, la qualité biologique, chimique et physique de l'eau et sa charge en polluants, mais aussi de surveiller les paramètres les plus divers des écosystèmes des bassins versants.
- Collecte et analyse des données fournies par les systèmes de mesure et de contrôle et préparation d'évaluations hydrogéologiques.
- Collecte et analyse de données hydrogéologiques, y compris des résultats des mesures continues effectuées sur des puits d'observation et d'approvisionnement implantés dans des zones où les eaux souterraines et de surface sont utilisées, dans le but de déterminer, à partir de bilans hydrologiques, les volumes d'eau utilisables et de contrôler le respect des conditions de distribution.
- Surveillance de la qualité de l'eau et de la capacité d'auto-épuration des eaux de surface.
- Analyse de données servant à la mise en oeuvre précoce de réglementations préventives, de mesures légales de protection et de conditions d'alimentation d'urgence.
- Evaluation des utilisations actuelles des eaux de surface, afin d'éviter de porter préjudice à des riverains de cours ou de plans d'eau par de nouveaux prélèvements d'eaux de surface et (ou) par le rejet d'eaux usées.
- Arrêt des gaspillages d'eau, adoption de restrictions de distribution, réalisation de travaux de réhabilitation des réseaux de distribution d'eau potable (voir captage des eaux souterraines 2.2.1).
2.3 Transport ou traitement de l'eau brute
Lorsque l'eau brute est transportée dans des canalisations ouvertes, et surtout si elle provient d'eaux de surface contaminées ou hygiéniquement malsaines, il faut s'attendre à des problèmes sanitaires dus à l'utilisation non autorisée ou à d'autres contacts de l'homme avec l'eau brute contaminée.
Le traitement de l'eau brute peut entraîner des nuisances environnementales pour les raisons suivantes : mauvaise exploitation des installations (surveillance insuffisante du personnel d'exploitation, absence d'équipements d'alarme), élimination des boues de bassins de décantation, des gâteaux de filtration et des produits chimiques stockés dans des réservoirs (élimination de résidus par exemple), surdosage de produits chimiques (chlore par exemple), élimination des concentrés de lessive obtenus lors du dessalement.
L'efficacité de la technique de traitement, le fonctionnement des dispositifs de contrôle et d'alarme de même que la possibilité d'adapter le traitement aux variations saisonnières de la qualité de l'eau sont donc importants. De plus, le niveau de qualification du personnel d'exploitation des installations de traitement est essentiel pour garantir un traitement correct (extraction de l'eau brute, traitement préliminaire, dosage des produits, floculation, filtrage et désinfection, analyses de l'eau) et pour garantir l'hygiène dans les installations de traitement.
Les mesures de protection de l'environnement suivantes sont envisageables :
- Mesures visant à éviter l'accès aux systèmes de transport de l'eau brute pour y prélever de l'eau potable, et (ou) information de la population sur les risques liés à l'utilisation d'eau contaminée.
- Normes sur la qualité des effluents des installations de traitement, tenant compte de la capacité saisonnière d'absorption des émissaires et des droits d'usage ainsi que des besoins d'utilisation possibles des riverains.
- Introduction ou mise à niveau d'équipements de protection de l'environnement dans les installations de traitement des eaux, par exemple bassins de rétention, installations d'arrosage pour stations de chlorage, stockage sûr des combustibles et produits chimiques.
- Introduction de dispositifs de mesure et de contrôle pour la surveillance des volumes d'eau et de la qualité de l'eau, ainsi que pour la signalisation des incidents dans le processus de traitement (problème sur un réservoir de chlore gazeux, par exemple).
2.4 Distribution par canalisations
Sur le plan écologique, la distribution de l'eau peut avoir les effets suivants :
a) Le niveau technique insuffisant des systèmes et, en particulier, des canalisations d'adduction et de distribution d'eau dans de nombreux pays (mauvaise qualité des matériaux et de la pose résultant de l'application d'une politique de bas prix) provoque une fréquence très élevée de défaillances sur les canalisations souterraines. Dans les pays industriels, la fréquence moyenne se situe entre 0,2 et 0,3 incidents par km et par an, tandis que dans d'autres pays, cette moyenne peut atteindre 9,1 incidents par km et par an.
Les pertes dues au mauvais état des canalisations sont souvent bien plus importantes que la consommation.
b) Le niveau élevé des pertes suffit souvent à saturer les réseaux longtemps avant que l'objectif prévu ne soit atteint. Dans ce cas, la distribution ne peut plus être assurée pendant 24 heures et il faut mettre en place un service "intermittent".
c) Lorsque le service est temporairement interrompu (distribution intermittente) sur des réseaux dont les canalisations souterraines sont défectueuses, il se produit une dépression. Cette dernière peut faire pénétrer dans le réseau de l'eau contaminée, provenant par exemple de tranchées d'effluents, de fossés routiers non étanches transportant des effluents, de conduites d'eaux usées non étanches, de fosses d'épuration défectueuses ou débordantes, de décharges de déchets et matières toxiques mal conçues, etc. Il en résulte un risque pour l'état sanitaire de la population.
d) La stagnation de l'eau dans des tronçons de canalisation dont l'hydraulique de réseau est insuffisante et dans les réservoirs d'eau filtrée du circuit de distribution dont le débit est trop faible, peut entraîner un croupissement de l'eau.
e) Dans les réseaux en mauvais état, la contamination de l'eau est souvent si importante que l'eau, même après avoir été fortement désinfectée (avec par exemple un dosage en chlore élevé) aux points d'alimentation, se dégrade avant d'arriver au consommateur, au point de constituer un risque délétère permanent.
Pour minimiser les effets des réseaux de canalisations, on peut prendre les mesures suivantes :
- Appréciation critique des techniques employées dans les pays industriels pour réduire les pertes d'eau et adaptation de ces dernières à la situation nationale et aux besoins locaux spécifiques (par exemple : utilisation de détecteurs de fuite dans les conduites à faible pression, détermination quantitative des pertes dans les systèmes de distribution intermittente, réalisation de mesures de consommation par zones afin de localiser les pertes dans des zones de distribution mal équipées en vannes et bornes-fontaines).
- Utilisation de systèmes adaptés de mesure et de contrôle et amélioration des réseaux (par exemple : montage de robinets-vannes principaux), afin de surveiller en permanence la consommation, les gaspillages, les prélèvements non autorisés et les pertes, grâce à un contrôle de l'entrée de l'eau dans les zones de distribution et de la pression à l'intérieur de ces zones, ainsi que pour surveiller l'efficacité des améliorations apportées au réseau (diminution des pertes, etc.).
- Surveillance de la fréquence des incidents dans les zones desservies par le réseau.
- Identification de priorités en vue d'améliorer la distribution d'eau à long terme (détection précoce et élimination des points défectueux, rénovation, réfection ou remplacement des parties du réseau les plus affectées par les incidents, etc.).
- Amélioration du niveau de qualité des matériaux et des travaux de pose.
- Adoption de la distribution continue (pression suffisante dans le réseau pendant 24 heures) après amélioration du système.
- Surveillance de la qualité bactériologique de l'eau (excédent de chlore par exemple) aux points de consommation et bornes fontaines.
2.5 Effets récurrents de projets d'adduction et de distribution d'eau dans les villes
La fonction des réseaux de distribution est de fournir aux consommateurs une eau de qualité hygiénique parfaite et en quantités suffisantes. La consommation d'eau potable saine élimine les risques délétères dus à l'utilisation d'eau non hygiénique. Mais toute élévation de la consommation d'eau entraîne un accroissement du volume des effluents et, en l'absence d'un assainissement approprié, représente donc un potentiel de risque sanitaire plus grand dû à la multiplication des maladies hydriques.
Dans l'état actuel de la technique, les réseaux urbains d'alimentation en eau produisent et distribuent 100% d'eau potable de parfaite qualité, alors que 5 à 10% seulement de ces quantités seraient nécessaires dans cette qualité. La consommation économique de l'eau potable est donc aussi importante pour des raisons de coût. La mise en place de tarifs adaptés (couvrant les coûts et basés sur la consommation) et même la création de réseaux séparés pour l'eau potable et l'eau à usage industriel facilite une utilisation économique et efficace de l'eau de parfaite qualité hygiénique.
Un problème particulier est soulevé par le traitement non hygiénique de l'eau lors de son transport des prises d'eau jusqu'aux consommateurs et par la conservation non hygiénique de l'eau dans les foyers et (ou) dans les équipements domestiques défectueux (citernes montées sur le toit), entraînant un risque permanent de maladie.
Les effets récurrents préjudiciables des projets d'adduction et de distribution d'eau en milieu urbain résultent pour l'essentiel des erreurs et lacunes suivantes :
- mauvaise qualité des matériaux utilisés et des travaux d'exécution ;
- exploitation et entretien déficients, réhabilitation incorrecte ;
- dépassement des objectifs du réseau, à cause des gaspillages et pertes d'eau ;
- information déficiente de la population, en particulier des femmes, souvent responsables des tâches d'hygiène (transport et stockage de l'eau, lavage, préparation des aliments).
Le mauvais état des réseaux provoque une chute de la qualité du service qui entraîne fréquemment l'insatisfaction des consommateurs. Ces derniers sont alors moins enclins à payer l'eau, ce qui fait diminuer les recettes, et leur intérêt pour les campagnes de motivation et de sensibilisation s'estompe (participation de la population, utilisation de l'eau, éducation en matière d'hygiène et de santé).
Les travaux d'entretien et de réhabilitation doivent être planifiés et réalisés selon des critères rigoureux, à partir de données et d'informations collectées et analysées de manière systématique. L'attention sera portée en particulier sur les parties non visibles des réseaux (conduites souterraines par exemple). En effet, des erreurs graves sont souvent commises à ce niveau, comme le remplacement d'anciennes canalisations (plus de 50 ans), qui pourtant sont à maints égards moins sujettes aux incidents que les conduites posées au cours des 20 dernières années.
Dans de nombreux cas, on construit de nouvelles installations de captage et de traitement avant d'améliorer des réseaux de distribution pourtant en piteux état.
D'une manière générale, il y a lieu de noter qu'un réseau d'adduction et de distribution urbain correct n'a des effets récurrents positifs sur la population que si, outre l'assainissement, les secteurs de l'élimination des ordures, des conditions d'habitat, de l'hygiène alimentaire, etc., sont aussi améliorés afin d'obtenir un impact durable sur l'état de santé et les conditions de vie de la population. Dans ce contexte, les aspects suivants doivent notamment être mentionnés :
- modification des schèmes attitudinaux traditionnels de la population face à la pénurie et à l'importance de l'eau (l'eau n'est pas un bien gratuit).
- information et participation des groupes cibles, en particulier des femmes, en ce qui concerne les attentes, les systèmes de valeur et le coût d'un réseau de distribution urbain correct et de l'amélioration des conditions sanitaires.
Minimiser les effets récurrents des projets d'adduction et de distribution d'eau en milieu urbain suppose que toutes les installations soient conçues, réalisées, exploitées et entretenues selon l'état de la technique et en tenant compte de normes adaptées aux conditions locales. Le fonctionnement des installations d'adduction et de distribution d'eau doit être garanti 24 heures sur 24, afin d'éviter en particulier la contamination de l'eau fournie. La consommation économique de l'eau doit être garantie, que ce soit par l'emploi de dispositifs de mesure et de contrôle et (ou) par la mise en place de tarifs et taxes adaptés, favorisant les économies d'eau.
Il importe, en même temps, de prévoir des mesures dans les domaines de l'assainissement et de l'amélioration des conditions sanitaires.
L'entretien et la réhabilitation des équipements de distribution d'eau, en particulier des conduites souterraines sujettes à des incidents fréquents, permettent de réduire les pertes d'eau et de prévenir l'insatisfaction des consommateurs (perturbations du service à cause de la fréquence des réparations, distribution intermittente) afin d'éviter un recul des recettes.
D'autres conditions essentielles doivent être réunies en vue d'éviter les effets récurrents cités :
- introduction de systèmes de mesure et de contrôle des paramètres de débit et de pression, ainsi que de détection précoce des incidents survenant dans les installations (réseaux de distribution) ;
- introduction de systèmes de mesure et de contrôle pour la surveillance de la qualité de l'eau potable ;
- implication de la population, en particulier des femmes, dans les différentes tâches de contrôle : signalisation des incidents (fuites) et gaspillages, et formation à une utilisation hygiénique de l'eau (récipients de transport, transport, stockage dans les foyers) ;
- introduction systématique de mesures d'amélioration des systèmes qui devront être reprises dans les systèmes futurs ;
- introduction de systèmes efficaces d'exploitation et d'entretien ;
- planification des extensions en tenant compte des expériences concrètes réunies jusqu'ici ;
- pas de répétition des erreurs habituelles et pas de reprise à l'identique des techniques des pays industriels.
2.6 Mesures de protection de l'environnement, options recommandées
Secteur/problèmes et mesures traditionnelles | Options recommandées | |
1. Technique des réseaux Adoption de standards des pays industriels, modification des standards pour des raisons de coût ainsi qu'en raison de l'absence de moyens de financement des coûts récurrents dans le domaine du fonctionnement et de l'entretien et du problème de la politique de bas prix |
- modification
de la qualité des matériaux dans le but d'améliorer la
qualité - augmentation temporaire des dépenses de fonctionnement et d'entretien - contrôle de résultats - ajustement des dépenses de fonctionnement et d'entretien - intégration des coûts de fonctionnement et d'entretien dans le financement des projets |
|
2. Adoption de standards
de qualité de l'eau, réglementations sur les zones de
protection, statuts, prescriptions Adoption des standards des pays industriels ou de recommandations internationales, faute d'approches appropriées |
- débuter par
des approches minimales réalisables sans modifications
législatives - fixer les phases d'extension en fonction des priorités locales - faire appel à des experts et juristes locaux |
|
3. Prélèvement d'eaux souterraines | - utilisation de
dispositifs de mesure permanents pour surveiller le
niveau des eaux souterraines et les quantités
prélevées - utilisation de dispositifs de mesure permanents pour surveiller la consommation (consommation par zone) de l'eau distribuée - prescriptions de consommations par tête (saison des pluies / saison sèche) - fixation de tarifs différents pour la saison des pluies et la saison sèche, de manière à couvrir les coûts |
|
Secteur/problèmes et mesures traditionnelles | Options recommandées | |
4.
Prélèvement d'eaux de surface et installation de
traitement des eaux - dito point 3. Prélèvement d'eaux souterraines - |
||
5. Distribution de l'eau
et mesures traditionnelles Pertes d'eau importantes à cause de conduites défectueuses résultant d'une politique de bas prix, d'où un fort gaspillage de ressources et des risques sanitaires, en particulier en cas de distribution intermittente ; la solution consiste à construire de nouveaux équipements de captage, à remplacer les conduites en fonction de l'âge, à procéder à la recherche ponctuelle de fuites sur tout le réseau et (ou) à introduire la distribution intermittente |
- Localisation
et analyse systématique des parties défectueuses - Application de méthodes nouvelles pour évaluer les pertes d'eau - Remplacement des tronçons défectueux des réseaux selon le résultat de l'analyse précédente des parties défectueuses (justification des besoins) - Utilisation de dispositifs de mesure permanents (débit et pression) pour contrôler la consommation et les pertes et localiser plus précisément les parties défectueuses - Détection précoce des points défectueux par les dispositifs de mesure et élimination précoce de ces derniers - Amélioration du niveau technique des réseaux (montage de vannes principales) - Elaboration de plans d'inventaire des réseaux en fonction de priorités définies - Motivation des femmes et des enfants pour la signalisation d'incidents sur les équipements de distribution (bornes fontaines défectueuses, réservoirs domestiques débordants, conduites de distribution endommagées) |
|
Secteur/problèmes et mesures traditionnelles | Options recommandées | |
6. Couverture des besoins
en eau dans les réseaux urbains d'adduction et de
distribution d'eau Accroissement des besoins à cause : - de
l'augmentation de la consommation |
- Utilisation de
dispositifs de mesure et de contrôle dans les zones de
consommation des réseaux - Amélioration du système de comptage de l'eau domestique - Adoption systématique du comptage aux branchements et prises d'eau - Amélioration de la purge des réseaux de conduites - Adoption de robinetteries faisant diminuer la consommation - Réduction des pertes d'eau selon 5. - Adoption de standards de consommation (par tête) pour la saison des pluies et la saison sèche selon 3. - Surveillance des restrictions de consommation en saison sèche et du résultat de la diminution des pertes d'eau, etc. - Adoption de tarifs couvrant les coûts et amélioration du recouvrement des redevances - Implication de la population (femmes) dans les différentes fonctions de contrôle |